Besma Moumni Ep Ben Janallah est née à Beni Matir, un village montagneux du nord-ouest de la Tunisie. Enfant, elle devait marcher matin et soir pendant 90 minutes pour se rendre à l’école dans un autre village. L’éducation a toujours été une valeur importante pour sa famille. Après un diplôme de maîtrise en physique, son mariage, quelques années à enseigner outremer et la naissance de ses deux garçons, elle a décidé de concrétiser son rêve de venir étudier au Canada : la voici donc élève au DEP en Installation et réparation d'équipement de télécommunication, un secteur traditionnellement masculin, où elle excelle. Besma est un exemple inspirant pour valoriser la diversité en formation professionnelle.
Besma Moumni a 42 ans. Elle est arrivée au Canada avec ses deux garçons de sept et huit ans en juin 2021. Son mari, professeur d’université sous contrat en Arabie Saoudite, la rejoint en juin de la même année. Dans sa famille, on ne badine pas avec l’éducation : « Nous sommes cinq enfants chez moi et quatre d’entre nous avons un diplôme universitaire, confie-t-elle avec fierté. Pour avoir un métier, étudier, c’est capital. Nous marchions sous la pluie tous les matins à la petite école pour nous rendre à l’école. Au secondaire, nous étions pensionnaires, la semaine, car l’école était à 35 kilomètres de ma maison. » En plus de sa langue maternelle, l’arabe, Besma parle le français et se débrouille en anglais.
Avant le Canada, Besma a passé huit années en Arabie saoudite à travailler dans le milieu universitaire comme assistante de recherche et enseignante suppléante. Elle nous raconte : « Une belle expérience, malgré la chaleur insupportable et les défis de cohésion dans un système scolaire très différent du système tunisien, et où se retrouvent des gens de toutes les nationalités. » Pendant cette période, elle fait des économies pour venir étudier au Canada.
Changer de pays en période pandémique Après un diplôme de maîtrise en physique, son mariage, quelques années à enseigner outremer et la naissance de ses deux garçons, elle a décidé de concrétiser son rêve de venir étudier au Canada. Voyager par avion, déménager et entamer une nouvelle formation constituent de grandes sources de stress. Lorsque la Covid-19 s’y ajoute, cela devient très difficile, notamment lorsqu’on a un enfant avec une condition médicale, comme le raconte Besma : « Mon aîné est diabétique. Déjà, les 36 heures que cela nous a demandées pour voyager jusqu’au Québec, c’était beaucoup, et ensuite, il y avait différentes précautions à prendre pour couvrir les dépenses en santé avant d’être éligible à la RAMQ, pour le protocole en cas de malaise à sa nouvelle école et pour organiser notre quarantaine, etc. »
En janvier 2021, Besma et ses garçons sont passés d’une météo de 35 degrés à Riyad à un glacial -20 degrés Celsius à Montréal. Elle a loué un appartement à Laval, sous les conseils de son cousin qui y habite, mais pense s’établir après ses études à Gatineau, une ville pour laquelle elle et son mari ont un coup de cœur.
Choisir la FP Élève au DEP en Installation et réparation d'équipement de télécommunication, elle s’intègre dans un secteur traditionnellement masculin. Besma a décidé de retourner sur les bancs d’école en Installation et réparation d’équipement de télécommunication. « Mon souhait est d’améliorer mes compétences en télécommunication. J'aime beaucoup ma formation professionnelle, surtout les modules du radio et les ateliers pratiques. Le matériel technologie est à la fine pointe des progrès. » Besma a débuté une formation de 1 800 heures qu’elle devrait compléter en juin 2022 au Centre de formation professionnelle Léonard-De Vinci, dans l'arrondissement montréalais de Saint-Laurent.
Une formation gagnante « C’est un métier avec d’excellentes perspectives d’emploi qui demande autonomie, débrouillardise et minutie. Il faut également faire preuve de polyvalence pour s’adapter rapidement aux changements » Besma Moumni, élève en Installation et réparation Le métier d’installatrice ou d’installateur d’équipements de télécommunication fait partie des métiers traditionnellement masculins au Québec.
Dans une classe où on ne compte qu’une autre fille, Besma apprend à installer configurer des interphones, des systèmes de câblodistribution, de télécommunication, de radiocommunication, à raccorder des réseaux téléphoniques et différentes antennes. Bottes de travail aux pieds, outils à la ceinture, jupe par-dessus son uniforme de rigueur et casque de sécurité par-dessus son voile, elle est en mesure de vérifier le fonctionnement de différents circuits électroniques et de réparer différents systèmes de télécommunication.
Vous pouvez consulter les autres vidéos liées à la formation et au métier sous l’onglet Liens utiles et vidéos de la page programme de formation Installation et réparation d'équipement de télécommunication.
Tolérants, les Québécois? Élève motivée et performante, elle suscite l’admiration de des enseignants qui lui la recommanderont une fois son diplôme décroché. Besma ne s’est pas encore heurtée à la discrimination des femmes maghrébines immigrantes musulmanes dans le processus de recherche d'emploi. En Occident, le voile est un stigmate qui entretient des préjugés et des stéréotypes sur la femme musulmane. La stratégie qu’elle compte adopter pour faire sa place ? L’excellence : elle est l’élève la plus performante de sa cohorte. Celle qui aide les autres. « Mes collègues sont très respectueux et mes enseignants me recommanderont après l’obtention de mon diplôme. » Elle a toutes les raisons d’être optimiste pour l’avenir.
Un domaine en évolution Des 35 degrés à Riyad au – 20 degrés de Montréal, Besma, entourée par sa famille, a réussi son pari. Après ses études, elle souhaite s’établir à Gatineau, une ville pour laquelle elle et son mari ont un coup de cœur. Dans le domaine des télécommunications, la technologie progresse sans cesse. « C’est un métier avec d’excellentes perspectives d’emploi qui demande autonomie, débrouillardise et minutie. Il faut également faire preuve de polyvalence pour s’adapter rapidement aux changements, précise-t-elle. Pour rester à la fine pointe, il fait être prêt à suivre des formations de mise à niveau. »
Perspectives d’emploi Après une forte croissance au début des années 2000, le secteur des télécommunications a connu une baisse cette dernière décennie, mais de nombreux départs à la retraite changent la donne. De bonnes perspectives sont à prévoir pour les prochaines années. La preuve : il est souvent listé dans les métiers les plus recherchés depuis une décennie.
Le site AdmissionFP répertorie tous les programmes de formation professionnelle au Québec . Vous pouvez faire votre choix de formation selon vos secteurs d’intérêts. Il existe environ 150 programmes offerts en formation professionnelle dans 21 secteurs d’activités.
Article : 3 étapes pour étudier et travailler au Québec
Le service d’accompagnement de Québec Métiers d’Avenir Le portail Québec Métiers d'avenir propose plus de 80 formations professionnelles, dispensées dans 95 centres de formation à travers tout le Québec. Ces formations de courte durée offrent de très bonnes perspectives d'emploi et sont accessibles à toutes personnes âgées de 17 et plus, sans limites d'âge. « QMA a été une aide précieuse. J’ai recommandé quatre de mes connaissances à leurs services. » explique Besma.
Un secteur traditionnellement masculin Selon le Portrait de la main-d'œuvre dans le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) au Québec produit par techno Compétences, le Comité sectoriel de main-d’œuvre (CSMO) en technologies de l’information et de la communication (TIC), et de la main-d’œuvre, 78% de la main-d’œuvre en Technologie de l’information est masculine. Le nombre de diplômés provenant de la formation professionnelle a plus que triplé depuis dix ans. En effet, il est passé de 650 en 2008 à 1932 en 2019. La proportion de femmes diplômées en TIC en 2019 était de 33,42%. Une réalité différente que ce que Besma avait connu jusque-là : « J’ai toujours eu une passion pour les sciences, l’informatique et la robotique. Chez nous, les femmes sont présentes dans ces champs d’études. 60% des diplômées en sciences sont des femmes en Tunisie.
« Au Canada, faire des études à 40 ans, c’est possible! À mon CFP, on retrouve des gens de différents pays, de différentes religions. Ici, on peut vivre calmement et en sécurité. Immigrer demande un grand courage, mais rien n’est impossible. »
Besma Moumni, élève en Installation et réparation d'équipement de télécommunication