L’école secondaire…et après? À l’école secondaire, Annie est une élève qui performe bien et qui n’a pas de difficulté. Elle décide de faire ses cours de maths fortes, de chimie et de physique afin de s’ouvrir le maximum de portes, mais elle a déjà sa petite idée en tête : faire son DEP en conduite d’engins de chantier. Le hic? Elle n’a pas encore tous les prérequis pour déposer sa demande.
Elle se tourne alors vers la conseillère d’orientation de la polyvalente qui lui suggère le programme élève d’un jour en mécanique d’engins de chantier au Pavillon de l’Avenir à Rivière-du-Loup. N’ayant aucune connaissance de base en mécanique, Annie n’est pas certaine de ce programme, mais à son retour à la maison le soir même, son choix se confirme. Ce qui lui a donné la piqûre? Le fait que ce soit un programme d’études très concret qui nécessite des aptitudes manuelles. De plus, ce DEP d’une durée de 2 ans va lui permettre de faire sa demande en conduite d’engins de chantier par la suite. Fait intéressant, Annie dépose une demande d’admission au cégep pour le DEC en Technologie du génie civil à la même période, demande qui est acceptée. Cependant, vu le coup de cœur pour son expérience en tant qu’élève d’un jour, elle préfère poursuivre en formation professionnelle.
Un premier DEP et un emploi Sa formation en mécanique d’engins de chantier s’avère très positive pour Annie. Le fait qu’elle soit la seule fille du programme pendant ses deux années de formation n’a jamais été un frein. Si certains collègues masculins se permettent des commentaires désobligeants au début, elle affirme que cela s’est vite replacé et que les enseignants veillent aussi à ce qu’elle se sente bien. À la fin du DEP, au moment de faire son stage, Annie se place chez Excavation Hugues Guérette, une entreprise de sa région dirigée par une femme. Annie leur fait part de son intention de poursuivre ses études en conduite d’engins de chantier et on lui répond qu’elle aura toujours une place au sein de l’entreprise.
« Si j’avais un conseil à donner à une fille qui hésite à s’inscrire, ce serait de ne pas avoir peur, ce n’est pas parce que tu es une fille que tu ne peux pas le faire. »
Annie Drapeau, mécanicienne et future conductrice d'engins de chantier
Un deuxième DEP? Pourquoi pas! Pour suivre la formation en conduite d’engins de chantier, Annie emménage à Lévis, tout près du Centre national de conduite d’engins de chantier, la plus grande école-chantier au Québec. La formation d’une durée d’un an, soit 1 095 h au total, est très complète : « En un an, nous apprenons énormément de choses! » dit Annie. Elle ajoute que le développement de la compétence en niveleuse et bouteur est ce qu’elle préfère de sa formation jusqu’à maintenant.
Son horaire d’études alterne chaque semaine entre les cours de jour et de soir. Une semaine, elle étudie de jour, soit de 6 h 15 à 13 h 45 et la semaine suivante, de soir, de 14 h 00 à 21 h 30. Le week-end, elle retourne dans sa région natale, le Bas-Saint-Laurent, pour aider son conjoint propriétaire d’une ferme laitière à Cacouna, sinon elle travaille pour l’entreprise d’excavation qui lui a donné sa première chance.
Au Centre national de conduite d’engins de chantier, on compte en moyenne d’une à deux femmes dans un groupe de 14 élèves. Encore une fois, pour Annie, cela ne représente pas un obstacle : « Si j’avais un conseil à donner à une fille qui hésite à s’inscrire, ce serait de ne pas avoir peur, ce n’est pas parce que tu es une fille que tu ne peux pas le faire ».
Métier : conductrice d’engins de chantier Les conductrices et les conducteurs d’engins de chantier, aussi appelés opérateurs de machineries lourdes, participent à construire les fondations des routes, des autoroutes et des approches de ponts en creusant et nivelant le terrain. Ils peuvent aussi être appelés à démolir des viaducs ou d’autres structures. Dans le secteur de la construction, ils opèrent différents engins de chantier : bouteur (bulldozer), rétrocaveuse (pépine), chargeuse frontale, etc. Ils opèrent également niveleuse (grader), rouleau et épandeuse d’asphalte ou de béton.
Ce qu’Annie préfère de son métier? La polyvalence qu’il requiert pour conduire différents types de machinerie. Les employeurs sont aussi diversifiés, dans les secteurs du génie civil et de la voirie, dans les secteurs institutionnel, commercial et résidentiel de la construction, etc.
Un avantage du métier de conducteur d’engins de chantier est que contrairement à d’autres métiers de la construction, il n’y a qu’une seule période d’apprentissage à passer pour devenir compagnon et ainsi voir son salaire augmenter.
Pour être une bonne conductrice d’engins de chantier, Annie mentionne qu’il faut être minutieuse, attentive à son environnement et aimer travailler à l’extérieur.
Le futur d'Annie Une fois diplômée en conduite d’engins de chantier, Annie souhaite continuer à travailler pour Excavation Hugues Guérette à Cacouna en tant que mécanicienne et conductrice d’engins de chantier. Durant les périodes mortes sur les chantiers de construction l’hiver, elle pourra faire du déneigement et travailler au garage pour réparer les équipements grâce à son double DEP. Elle envisage aussi d’obtenir son permis de classe 1 qui lui permettra de conduire un plus large éventail de véhicules. Avec toutes ces compétences en poche, le futur d’Annie s’annonce brillant!
[1] Statistiques : Emploi Québec.