Savoir s’orienter À l’école, Meggie raconte être l’élève qui pétait des scores dans les matières principales. Dans ses temps libres, en complicité avec sa sœur, elle se passionne déjà pour tout ce qui touche le bricolage, du tricot à la cuisine. Vers la fin du secondaire, elle envisage différents métiers, dans l’armée, dans le bâtiment ou le design industriel. « Le cégep ne m’attirait pas, je voulais trouver un DEP qui combine ma passion des voitures, mes aptitudes artistiques… Il y avait beaucoup de choses qui m’intéressaient, mais je ne me voyais pas les faire sur le long terme. » Meggie fait un projet personnel d’orientation et en vient à une conclusion pleine de bon sens : « À un moment, je me suis dit : fais ce que tu aimes et vois où ça te mène. » Elle participe au stage Élève d’un jour. « Cela a confirmé mon choix. Et j’en suis encore contente. En suivant mes passions, je suis motivée tous les matins au moment de me lever et je suis heureuse d’aller au travail. »
100 fois sur le métier En septembre 2022, Meggie entre au DEP en Carrosserie à l’École des métiers de l'équipement motorisé de Montréal. Le fait de se retrouver en minorité l’effraie un peu; elle a peur du rejet : « C’est un petit stress qui est encore là aujourd’hui, mais j’ai réussi à faire ma place et à me faire respecter. Les enseignants et le personnel de soutien ont toujours été présents pour moi, à l’écoute et encourageants. »
Comme elle travaille vite et bien, les enseignants lui permettent de réaliser de petits projets personnels qui la tiennent motivée. Meggie réalise également un stage en fin de formation au garage Ronald Laplante, à Saint-Hyacinthe.
Le travail en carrosserie Les carrossières et les carrossiers, souvent aussi appelés débosseleurs ou peintres de voiture, redressent les châssis des véhicules et réparent les éléments endommagés des véhicules (porte, capot, pare-chocs, etc.). Ils estiment le coût des travaux, remplacent des accessoires mécaniques et électriques et peinturent au pistolet les éléments de carrosserie. C’est un métier stimulant qui exige une excellente dextérité manuelle et le souci du travail bien fait, considère Meggie : « Il faut avoir un petit côté perfectionniste, être méticuleuse et débrouillarde. »
Être femme et fière Comme femme dans un milieu masculin, Meggie raconte styliser ses uniformes à sa manière. Elle se sent libre de se maquiller si l’envie la prend…ou pas. Libre d’être elle-même, tout simplement. « Pour faire une carrière dans un métier traditionnellement masculin, je crois qu’on n’a pas le choix : il faut être en mesure de ne pas de se faire marcher sur les pieds. Être capable de tenir tête. De vivre sous le regard des gens qui sont curieux face à la différence. » Elle ajoute : « J’ai encore du travail à faire là-dessus… mais je chemine! »
… et en compétition À la fin de son parcours de formation, Meggie a été approchée par ses enseignants qui souhaitaient la voir participer aux olympiades québécoises des métiers et des technologies. « Je n’ai pas hésité », raconte-t-elle. « Quelle opportunité de dépasser mes limites, de vivre une expérience de compétition et de me perfectionner en compagnie des meilleurs. »
Meggie a remporté la médaille de bronze et sera des Olympiades canadiennes qui se tiendront à Québec en juin 2024 : « C’est un projet qui m’anime! Je veux faire beaucoup de travail de manière à aller chercher le meilleur de moi-même. Mon enseignant et coach, Yves Barré, a beaucoup d’expérience. Je suis choyée de me préparer avec lui. Il est super motivant! »
« En carrosserie, il n’y a pas de routine, il y a toujours du nouveau, il faut toujours trouver des solutions différentes. Comme femme, il faut forcer avec tout son corps et développer ses propres techniques de travail. »
Meggie Marsolais, carrossière
Les femmes dans l'industrie Les femmes sont actives dans l’industrie automobile depuis plus de 150 ans, alors qu’elles ont fait leurs débuts dans la fabrication des véhicules de guerre. Selon la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), elles constituent un atout majeur dans l’industrie. Tenaces, minutieuses, empathiques, perfectionnistes, et leaders incontestées, elles possèdent toutes les qualités requises pour briller dans le secteur automobile, peut-on lire sur le site Internet de corporation. Mais il demeure que les femmes ont de la difficulté à se faire une place dans ce secteur : dans les métiers spécialisés de l’automobile, elles ne représentent que 6,4 % des effectifs. En carrosserie, ce pourcentage ne dépasse pas 2,5 %.
Volonté de changement L’industrie de la carrosserie demeure un milieu presque exclusivement masculin, mais la CCAQ souhaite du changement et s’interroge sur le recrutement de la main-d’œuvre féminine. Le rapport L’Avancement des femmes dans l’industrie automobile de l'Association des industries de l'automobile du Canada (AIA Canada) et l’étude des Besoins et obstacles des femmes et des employeurs en lien avec les conditions de travail et la conciliation travail-vie personnelle du CSMO-Auto proposent des pistes de solution pour attirer les femmes (et les retenir!) dans l’industrie. Entre autres choses, on souhaite modifier la culture d’entreprise afin de la rendre plus inclusive et on entend sensibiliser l’ensemble du personnel aux avantages d’une présence féminine sur les lieux de travail.
Le point de vue de Meggie Pour Meggie, il ne fait pas de doute qu’il faut faire mieux connaître les métiers de l’automobile, de manière que les femmes puissent envisager d’y étudier, au-delà des préjugés.
La jeune diplômée rêve d’avoir un jour son propre garage de camions. Mais avant, elle est prête à prendre toute l’expérience requise sur le marché du travail. Elle veut aussi ajouter un deuxième DEP en tôlerie de précision, à ses compétences. Elle a repeint sa voiture au complet. « Mon métier m’amène à me dépasser. Je ressens la pression de la performance, mais difficile de dire si c’est parce que je suis une femme ou parce que je suis perfectionniste. »