À 39 ans, Marie-Ève Beauregard, de Lachute, a remporté l’or aux compétitions de Skills Compétences Canada dans le métier de carrosserie. Il s’agit d’un bel exemple de persévérance et de réorientation réussie. En effet, après avoir exercé les métiers de coiffeuse, commis, arpenteuse, libraire et adjointe administrative, cette maman et belle-maman a décidé de retourner aux études pour trouver un emploi qui la passionne alors qu’elle avait la mi-trentaine. « Il n’est jamais trop tard pour suivre son instinct et réaliser ses rêves », dit la pétillante carrossière, fière d’avoir trouvé le métier qui convient à sa personnalité et d’être enfin sur son X.
Premiers pas sur le marché du travail Marie-Ève Beauregard a choisi de se réorienter à la mi-trentaine vers un DEP en carrosserie. Accompagnée par Emploi-Québec, elle est un exemple de persévérance. Son parcours souligne bien la diversité des profils de personnes que l’on peut retrouver en formation professionnelle. Marie-Ève Beauregard n’a pas eu une enfance facile. Adolescente, des problèmes familiaux l’amènent à changer d’école une quinzaine de fois. Bonne élève, elle obtient tout de même son diplôme d’études secondaires avant d’entreprendre des études professionnelles (DEP) en coiffure : « C’est un âge où l’on se cherche beaucoup et je crois que j’ai été mal orientée à l’époque, analyse-t-elle avec le recul. Les métiers, on en parlait très peu lorsque j’étais jeune, tout était plus séparé entre les jobs de gars et les jobs de filles et, comme j’étais touche-à-tout, que j’aimais beaucoup de choses, c’était difficile pour moi de prendre une direction et de faire le bon choix. »
Première carrière en salon de coiffure Avant d’intégrer le DEP en carrosserie, Marie-Ève a participé à l’activité Élève d’un jour qui lui a permis d’avoir un aperçu des compétences enseignées et de l’équipement. Marie-Ève exerce le métier de coiffeuse quelques années, mais travailler le soir et les fins de semaine lui pèse. En outre, son tunnel carpien commence à la faire souffrir et elle ressent un certain ennui au travail. Elle quitte progressivement la coiffure pour un emploi de commis à la réception de marchandises dans une coopérative étudiante, où elle termine gérante-libraire.
À 25 ans, animée d’un désir de changement, elle s’intéresse au secteur de la construction, et obtient un DEP en arpentage-topographie. « C’était un métier intéressant, mais je me suis vite rendu compte que je n’aimais pas travailler loin de chez moi et en plein air », raconte-t-elle. Elle enchaîne alors les petits emplois administratifs, avant de se retrouver au centre local d’emploi (CLE) lors d’un (autre) épisode de chômage.
Une démarche d’orientation « Dès les premiers modules pratiques, je me suis rendu compte que je performais bien. J’étais toujours heureuse de me retrouver à l’école. En somme, ce DEP m’a donné une bonne base pour exercer le métier. » Marie-Ève Beauregard. Marie-Ève ne tarit pas d’éloges sur le soutien qu’elle a obtenu pour trouver sa voie : « L’équipe d’Emploi-Québec de Lachute, en collaboration avec l’organisme d’employabilité Trousso, Direction emploi, a fait un magnifique travail pour m’aider à m’orienter et à choisir un métier pour les bonnes raisons, raconte-t-elle.
Je m’en allais là avec en tête l’idée de devenir transcriptrice médicale. Je voulais quelque chose de stable et de bien payé. Mais ma conseillère m’a mise devant mes contradictions, alors que je lui avais mentionné ne plus vouloir faire de travail de bureau. » Après plusieurs rencontres, Marie-Ève s’intéresse à la carrosserie.
Couleurs de tête, peinture d’auto Sa médaille d’or en carrosserie ? Elle lui confirme qu’elle est au bon endroit. Elle est également une belle récompense pour le chemin accompli. Marie-Ève Beauregard le dit elle-même : « Vous savez, lorsque j’ai entrepris ce retour aux études, avec tout ce que cela impliquait, mon état d’esprit, c’était cela : je veux être la meilleure! » « Lorsque j’ai lu la description des aptitudes pour envisager ce métier, il y a une petite lumière qui s’est allumée dans ma tête. On cherchait un profil manuel et artistique. Même mon expérience de coiffeuse pouvait me servir dans ce nouveau métier. Toutes les étoiles étaient alignées! » Elle visite les ateliers de carrosserie du centre d’études professionnelles Saint-Jérôme et participe à une activité Élève d’un jour. Elle s’informe sur l’aide financière offerte par Emploi-Québec et discute de son projet avec son conjoint. Ce dernier, bien qu’il lui ait transmis sa passion des voitures au fil des ans, est surpris de ce changement de cap, mais l’encourage.
Tout prend forme rapidement et, à l’automne, alors que sa fille commence la maternelle et que son beau-fils entame son secondaire, Marie-Ève s’inscrit au CEP Saint-Jérôme en carrosserie. « Sans l’appui financier d’Emploi-Québec, je ne serais sûrement pas allée au bout de ma démarche, considère-t-elle. Ils ont pris en charge mes frais scolaires, même le coût du service de garde de ma fille. Cela m’a permis de me concentrer sur mes études sans stress financier. »
« L’équipe d’Emploi-Québec de Lachute, en collaboration avec l’organisme d’employabilité Trousso, Direction emploi, a fait un magnifique travail pour m’aider à m’orienter et à choisir un métier pour les bonnes raisons. »
Marie-Ève Beauregard, carrossière
Apprendre un nouveau métier Après avoir obtenu son diplôme du CEP Saint-Jérôme en 2019, Marie-Ève travaille par la suite pour plusieurs garages. Et elle ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle pense déjà à continuer de développer ses compétences pour, plus tard, exercer le métier d’enseignante en carrosserie. Marie-Ève ne garde que de bons souvenirs de son DEP : « Dès les premiers modules pratiques, je me suis rendu compte que je performais bien. J’étais toujours heureuse de me retrouver à l’école. En somme, ce DEP m’a donné une bonne base pour exercer le métier. »
Se retrouver seule fille dans un groupe de gars? « Pas de problème pour moi, répond la Lachutoise, j’ai toujours aimé me retrouver en leur compagnie. C’est simple, il y a de l’humour. » Durant sa formation au CEP Saint-Jérôme, elle s’est démarquée par son degré de motivation dans tous les cours du programme, a souligné son enseignant et entraîneur, M. Régnaud à la journaliste France Poirier du journal L’Accès de Saint-Sauveur.
« Lorsque j’ai lu la description des aptitudes pour envisager ce métier, il y a une petite lumière qui s’est allumée dans ma tête. On cherchait un profil manuel et artistique. Même mon expérience de coiffeuse pouvait me servir dans ce nouveau métier. Toutes les étoiles étaient alignées! »
Marie-Ève Beauregard, carrossière
Meilleure carrossière au pays Le 15 juin dernier, la finissante en carrosserie a obtenu la première place aux Olympiades canadiennes virtuelles. Un moment d’une grande émotion pour la compétitrice : « Ça me prouve que je suis capable de foncer dans la vie. J’ai découvert ma passion et je suis un bel exemple pour mes enfants. »
En raison de la pandémie, les épreuves ont eu lieu à distance, en édition virtuelle, c’est-à-dire que Marie-Ève a été filmée en train de réaliser les épreuves qui ont été évaluées par les juges au travers du Canada. Elle a reçu sa médaille d’or lors d’une cérémonie en ligne.
S’entraîner à devenir la meilleure « Je me suis préparée avec mon professeur et entraîneur Jacques Régnaud, qui a été d’un professionnalisme et d’une disponibilité incroyable, confie Marie-Ève, avec reconnaissance. J’ai beaucoup appris pendant tout le processus, et cette médaille a été pour moi une source de grande émotion et de fierté. J’ai pleuré. Mon chum capotait!
Ma fille m’a fait toutes sortes de dessins et de bricolages de médaille. Bien sûr, j’aurais préféré vivre des compétitions en “présentiel” et connaître toute l’atmosphère des Olympiades, mais cette médaille m’a confirmé que j’étais au bon endroit. Vous savez, lorsque j’ai entrepris ce retour aux études, avec tout ce que cela impliquait, mon état d’esprit, c’était cela : je veux être la meilleure! »
Travailler dans un garage Après avoir obtenu son diplôme du CEP Saint-Jérôme en 2019, Marie-Ève travaille un temps dans un premier garage, chez Fix Auto, avant de joindre l’équipe de BMW à Laval. Les périodes de travail alternent avec les périodes de chômage et la pandémie bouleverse ses plans. Depuis, les choses se sont améliorées pour elle. Elle travaille chez Carrosserie Préférence, à Terrebonne, où elle a la chance d’intervenir sur différents types de véhicules : camion, autobus, etc. « C’est vraiment varié et vraiment l’fun! » Pour l’avenir, elle compte développer ses compétences, acquérir de l’expérience et devenir enseignante en carrosserie: « Je commence le baccalauréat en enseignement à temps partiel en janvier prochain. »
Poursuivre ses rêves Marie-Ève Beauregard sait qu’elle peut inspirer d’autres personnes comme elle à retourner aux études et à envisager un secteur non traditionnel : « Je dis aux gens d’oser. Il suffit de se fixer des objectifs et de foncer! Les gars sont contents de voir arriver les filles dans les garages. Avec une bonne attitude – être travaillante, facile à vivre –, on s’intègre sans problème. »