Récompensée par le concours Chapeau, les filles ! et la bourse Talons hauts et Caps d'acier, Megane Guindon, élève à l'École des métiers spécialisés de Laval, est heureuse de faire son chemin dans le monde de la mécanique.
Megane Guindon, 19 ans, de Saint-Eustache, a toujours été intéressée par la menuiserie, la plomberie, l’électricité, la mécanique : « À cause de problèmes familiaux, je vis avec mon grand-père maternel. C’est un homme qui a eu plusieurs occupations dans sa vie. Il a bâti une dizaine de maisons. Il a toujours tout réparé lui-même avec l’aide de son assistante, moi ». Entre sa passion pour le hockey, l’école où elle réussit bien, Megane se rappelle avoir toujours voulu apprendre et aider son grand-père : « Il est de la vieille école; pour lui, une fille ne devrait pas vraiment avoir l’intérêt de faire un travail manuel pour gagner sa vie ».
Réparer…soi-même ! Après une première année au Cégep en génie électrique, Megane Guindon décide de suivre un cours de mécanique de véhicules légers à l'École des métiers spécialisés de Laval Après avoir diplômé du secondaire, Megane a fait une année au cégep en génie électrique : « Je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas pour moi, raconte-t-elle. Je cherchais un domaine plus structuré, et j’avais davantage envie de réparer que de créer des circuits ». Méthodique, Megane se renseigne sur les différentes avenues en formation professionnelle. Elle conserve trois options, puis approfondit ses recherches jusqu’à arrêter son choix sur le cours de mécanique de véhicules légers : « Un métier manuel, mais aussi un bon compromis entre mes intérêts et mes capacités, explique-t-elle. Je me suis mise à repenser aux réparations effectuées avec mon grand-père, comment cela me plaisait. J’ai visité le site web de l’école, j’ai trouvé que l’établissement était très bien équipé, et je me suis inscrite sur le champ ».
Des obstacles et des solutions « Éduquer les parents, ce sont souvent eux qui ont le plus d’appréhension ». À l'École des métiers spécialisés de Laval, Megane s’intègre bien et réussit les 1 800 heures malgré quelques difficultés : « La majorité des garçons sont plus forts que moi. Ils sont plus grands, ont de plus grandes mains. Du haut de mes 1 m 65, je dois travailler d’une autre façon. Un de mes enseignants, Richard, m’a appris à utiliser tout mon corps au lieu d'utiliser uniquement mes bras.
Petit comme moi, il m’a encouragé à me dépasser ». Avec l’aide de ce mentor, Megane se fabrique un support de bois pour réparer les pneus dont la manipulation lui est difficile. « On peut réussir en trouvant des solutions, sans se sentir exclue ou incompétente. Les métiers masculins peuvent faire peur, mais en réalité ce qui est effrayant, c’est qu’on soit la seule femme ». Son conseil pour faciliter l’intégration des filles? « Éduquer les parents, ce sont souvent eux qui ont le plus d’appréhension ».
Un métier en progression Lauréate de plusieurs prix, Megane Guindon achève son DEP et vise une participation aux Olympiades québécoises des métiers et des technologies en 2021. La mécanique de véhicules de loisirs et de petits moteurs forme les personnes à entretenir et à réparer des moteurs à deux et à quatre courses sur des tondeuses à gazon, des motoneiges, des souffleuses à neige, des tronçonneuses, des tracteurs à jardin, des véhicules tout-terrain, des motocyclettes, des voiturettes de golf, etc.
Des appareils que possède la majorité des adultes et qui se complexifient, commente Megane : « Nous devons nous spécialiser dans les nouvelles technologies, car la demande ne fera qu’augmenter dans les prochaines années et il n’y a pas beaucoup de réparateurs ayant les connaissances requises pour les réparer. Mon programme d’études m’a bien préparée pour ces nouveaux défis, entre autres, avec l’électronique et l’électricité appliquées aux nouvelles technologies. Le Québec a une réserve importante d’électricité et l’évolution des batteries est incroyable. Je crois que d’utiliser nos barrages électriques serait une solution durable et écoresponsable en plus de bénéficier à tous ».
« Mon programme d’études m’a bien préparée pour ces nouveaux défis, entre autres, avec l’électronique et l’électricité appliquées aux nouvelles technologies. Le Québec a une réserve importante d’électricité et l’évolution des batteries est incroyable. Je crois que d’utiliser nos barrages électriques serait une solution durable et écoresponsable en plus de bénéficier à tous. »
Megane Guindon, élève en mécanique de véhicules légers
Premiers pas dans le monde du travail Les enjeux de demain ne seront pas nécessairement ceux d’hier, l’électronique et l’électricité appliquées aux nouvelles technologies en sont un exemple et une nouvelle voie à explorer selon Megane Guidon. L’an dernier, Megane a travaillé dans un centre de location. Son patron a hésité à l’engager, lui avouant que c’était à cause de son sexe : « Les employeurs ont peur d’employer des femmes dans des domaines physiques. Moi, je veux leur prouver qu’ils ont tort et qu’être une fille n’est pas un handicap, mais une force, et des qualités de fiabilité, de minutie, de politesse. Je me suis absentée pour des vacances, l’été dernier, et à mon retour, tous les employés sont venus me voir pour me dire que la qualité du service avait diminué pendant que je n’étais pas là ».
Mécanicienne et aidante naturelle La main-d’œuvre féminine représente 17 % pour l’ensemble de l’industrie des services automobiles. Seulement 1,4 % des mécaniciens de petits moteurs et autres équipements sont des femmes. La main-d’œuvre féminine représente 17 % pour l’ensemble de l’industrie des services automobiles. Seulement 1,4 % des mécaniciens de petits moteurs et autres équipements sont des femmes. Le Comité sectoriel de main-d’œuvre des services automobiles (CSMO-Auto) a réalisé une étude sur les besoins et les obstacles des femmes et des employeurs en lien avec les conditions de travail et la conciliation travail et vie personnelle : on y constate, entre autres, que deux fois plus de femmes que d’hommes sont aussi proches aidantes, ce qui est le cas de Megane qui soutient son grand-père atteint de la maladie d’ataxie.
Depuis l’enfance, elle partage son temps entre l’école et le travail, aidant aux dépenses de la maison. L’âge et la maladie affectent le grand-père de Megane, mais il demeure sa principale source de motivation pour surmonter les épreuves : « Je veux lui prouver qu’une fille peut faire de la mécanique. Qu’elle peut vouloir travailler de ses mains dans un garage sale. Je veux surtout lui prouver que je suis digne de ses précieux outils. Que sa petite fille pourra suivre ses traces. Je ne compte pas construire de maison, mais je compte passer une bonne partie de ma vie dans un garage. Comme lui ».
Chapeau! Megane Guindon a été lauréate du prix Transports de l’organisation dans le cadre du concours Chapeau les filles ! à l’Assemblée nationale, assortie d’une bourse de 2 000 $. Elle a aussi été boursière de Talons hauts et Caps d’acier, un programme de La Table de concertation lavalloise pour l’emploi des femmes dans les métiers non traditionnels qui vise à augmenter le nombre de femmes dans les programmes traditionnellement masculins offerts par la Commission scolaire de Laval et le Collège Montmorency. « Ça me dit qu’il y a des filles qui vivent la même chose que moi. C’est une reconnaissance dont je suis fière », commente-t-elle.
Perspectives En raison de la popularité croissante de véhicules de loisirs et d’entretien, les perspectives d’emploi pour les mécaniciens spécialisés en petits véhicules sont excellentes. Les chances d’avancement sont aussi prometteuses. Megane devait occuper son premier emploi dans un club de golf cet été. En raison de la pandémie, et comme elle ne veut pas mettre en danger son grand-père de 76 ans, elle a dû renoncer à ce travail.
Partie remise, elle devrait, si tout va bien, faire ses débuts professionnels l’an prochain. Elle rêve aussi de devenir un jour enseignante en mécanique et s’y prépare déjà. D’ici là, elle va compléter son DEP et poursuivre l’aventure des Olympiades québécoises des métiers et des technologies au printemps 2021.
« J’utilise parfois des outils spéciaux compte tenu de ma taille. Il pourrait y avoir des programmes d’aide ou des fonds monétaires pour avoir certains objets spéciaux. Avoir un espace de travail adapté à la personne peut l’aider dans sa productivité. Elle sera plus confortable et travaillera mieux. Par exemple, un établi plus bas si la personne est plus petite que l’autre employé la précédant. Sinon, des gants adaptés à la grandeur de ses mains. Ce sont de petits gestes qui affectent le moral et la productivité. »
Megane Guindon, élève en mécanique de véhicules légers