Alors qu’elle avait environ dix ans, Laurie Breton a reçu un modèle réduit permettant de construire un hélicoptère. Pour elle, ce cadeau de Noël allait être un déclencheur : « J’ai toujours su que j’évoluerais dans le domaine de l’aviation, confie-t-elle. Pour moi, c’est un monde plus grand que nature. Mon seul doute était de savoir le rôle que j’allais y jouer ».
À 21 ans, la jeune femme complète sa formation à l'École nationale d'aérotechnique (ÉNA) du cégep Édouard-Montpetit, le plus important institut d'aérotechnique en Amérique du Nord. L’an dernier, elle a remporté la médaille d'or en Technologie aérospatiale aux Olympiades canadiennes des métiers des technologies qui se tenaient à Halifax. La même année, elle s’est distinguée au concours Chapeau, les filles! du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, accompagné d'une bourse de 2 000 $ remise à L’Assemblée nationale du Québec. Elle a aussi obtenu le prix Fais briller ta région! du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation, soulignant comment sa formation et sa future carrière contribuent au rayonnement de sa région, les Laurentides. Actuellement, Laurie se prépare pour une deuxième participation aux Olympiades canadiennes. Son objectif? Un ticket pour le Mondial, rien de moins. Et à l’observer mener de front tous ses projets avec succès il semble que rien de l’arrêtera.
Un secteur traditionnellement masculin Laurie Breton complète sa formation à l'École nationale d'aérotechnique (ÉNA), le plus important institut d'aérotechnique en Amérique du Nord. Selon Aéro Montréal , le pourcentage de médecins, de juristes ou de femmes d'affaires a augmenté de façon significative au cours des dernières décennies, alors que le pourcentage des femmes dans les métiers de l'air et de l'aérospatiale, traditionnellement occupés par les hommes, tend à stagner : moins de 2 % des mécaniciens d'entretien d'aéronefs sont des femmes; les femmes comptent pour moins de 6 % des pilotes commerciaux et moins de 10 % des ingénieurs en aérospatiale. Dans le hangar A-75 de l’ÉNA où l’entrevue se déroule en ce beau matin ensoleillé de février, une douzaine d’apprentis mécaniciens s’activent sous la supervision de quelques professeurs. Il n’y a qu’une salle de bain dans le local, que la lunette des toilettes est levée et la chasse d’eau n’a pas été actionnée. Ce ne sont pas des problèmes pour Laurie : « Le domaine de l’aviation, c’est un domaine de gars, on ne peut pas le nier, dit-elle avec un sourire. Tout n’a pas été construit pour nous les filles, ici. Je crois qu’en tant que femme dans un métier non traditionnel, il ne faut pas chercher la petite bête ni jouer à la victime ».
Si on souhaite qu’il y ait plus de femmes dans certains secteurs d’activité. Tout ce qu’il faut, c’est en faire la promotion. S’adresser aux filles qui sont tentées par l’aventure. Les filles n’ont pas à hésiter !
Laurie Breton, Mécanicienne d’aéronefs
Une carrière en aviation - Une passion pour l’aviation Selon Laurie, les femmes apportent une énergie différente et de nouvelles perspectives sur des tâches en aérotechnique. Dire que Laurie Breton est passionnée par l’aviation est presque un euphémisme. Pour elle, il s’agit d’un secteur d’activité vaste et passionnant, dans lequel chacun peut trouver un espace où canaliser ses forces. En maintenance d’aéronefs, elle apprécie la grande précision exigée : « Je suis une perfectionniste. J’aime travailler de mes mains, être en mesure de juger d’un résultat concret, bien fait. L’ÉNA fait de nous de bons travailleurs. Il y a tant de choses à apprendre en aviation, et moi, j’aime apprendre ».
Son père, un autre mordu de l’aviation, a lui-même étudié à l’ÉNA. Laurie a fréquenté les Cadets de l’air entre 12 et 17 ans et acquis ses licences de pilotage. Après son cours au Secondaire, elle raconte avoir hésité, mais à peine, avant de confirmer que ses rêves d’enfant pouvaient devenir ses projets d’adulte.
À son cégep, comme aux différents emplois et stages qu’elle a effectués ces dernières années, Laurie se réjouit d’avoir été bien accueillie et de n’avoir jamais été victime de discrimination : « Mais je sais que cela existe. Heureusement ça change ». En 2020, les structures pour l’intégration des femmes dans les métiers traditionnellement réservés aux hommes sont bien implantées, selon elle.
L’astronaute Julie Payette, première femme canadienne à être aller dans l’espace, et plus récemment Sarah Dallaire, deuxième femme pilote de l'histoire des Snowbirds au pays, constituent deux grandes sources d’inspiration pour elle : « J’ai besoin de ces modèles de femme qui me disent « C’est bon! Tu es capable! car malgré ma détermination, je traverse parfois des moments difficiles ».
Être de celles qui osent « Je crois qu’on est toutes féministes. Pas besoin de le revendiquer pour être fière d’être une femme. » Laurie Breton De nombreuses filles qui entreprennent des études dans des métiers traditionnellement masculins l’ont questionné sur son expérience. La crainte qui revient le plus souvent est de ne pas s’intégrer dans l’industrie, indique Laurie : « Moi, je rassure les filles, je crois que l’inclusion se fait naturellement, comme lorsqu’on intègre un groupe d’amis. Il n’y a pas de décalage. Les personnes qui avaient le plus de préjugés, eh bien, sans vouloir être méchante, je crois qu’elles ont déjà pris leur retraite. La majorité des entreprises sont progressistes. Il faut simplement se faire confiance, et arrêter d’écouter la petite voix « venin » qui te fait croire que comme femme tu ne serais pas capable de faire le job. Ce n’est jamais vrai. Les femmes apportent une énergie différente. Il y a des taches auxquelles je me suis attaquée que je ne croyais pas être en mesure de réaliser comme un homme. Je les ai retournées à mon avantage. » Féministe, Laurie? La question l’embête. Après réflexion, elle l’affronte : « Je crois qu’on est toutes féministes. Pas besoin de le revendiquer pour être fière d’être une femme. » Elle se dit plus qu’optimiste pour la suite des choses.
« Les aptitudes pour plonger dans une carrière non traditionnelle? Il faut être débrouillarde. Apprendre à se faire confiance. Ne pas hésiter à prendre des chemins moins fréquentés pour arriver à réaliser ses tâches. Souvent, un chemin sinueux peut s’avérer très créatif. »
Laurie Breton, Mécanicienne d’aéronefs
Les Olympiades x 2 Médaillée d'or en Technologie aérospatiale aux Olympiades canadiennes en 2019, Laurie a fièrement représenté l’équipe du Québec et se prépare déjà pour les prochaines compétitions. Aux Olympiades, à Halifax en 2019, Laurie a disputé la première place en compétition avec huit autres apprentis mécaniciens des quatre coins du pays. Cinq épreuves échelonnées sur deux jours ont permis de déterminer le meilleur candidat; il fallait entre autres effectuer des réparations électriques, inspecter un aéronef et réaliser des pliages de métal. Elle se rappelle avoir affronté toutes sortes de difficulté, dont un froid mémorable. C’est une aventure qui lui a fait vivre toute une gamme d’émotions : « Un moment tu es fière, et puis tu es découragée et tu te questionnes avec incertitude. J’ai été surprise par la difficulté à gérer mon stress. Et il y a le chronomètre qui file… » Dans son entraînement actuel, Laurie met l’accent sur les techniques qu’elle maîtrise le moins: « Comme cela me sera autant utile dans la carrière que lors des Olympiades, je suis doublement motivée. Mon objectif est de me dépasser. De faire mieux que l’an dernier. Je me concentre sur la tâche à réaliser, pas sur les autres candidats. Je crois que cela m’amène à mieux performer. Je suis prête! »
Remuer ciel et terre À quelques mois de son entrée sur le marché du travail, Laurie Breton a de nombreux rêves dont celui de démarrer sa propre entreprise. À quelques mois de son entrée sur le marché du travail, Laurie Breton a de nombreux rêves. Elle veut faire carrière dans la maintenance d’hélicoptères, apprendre à piloter des hélicoptères et éventuellement démarrer sa propre entreprise. « J’ai plein de choses en tête et beaucoup d’enthousiasme. Je pense qu’il ne peut m’arriver que le meilleur. Qui sait où tout cela me mènera dans dix ans? »