Carrossière, pourquoi pas? À la fin de son secondaire, Jessica choisit de commencer un DEP en carrosserie au CFP Wilbrod-Bherer. À l’école secondaire, Jessica rencontre un garçon mordu de véhicules antiques qui retape de vieilles voitures dans son garage. À son contact, elle s’initie à la carrosserie. Ensemble, ils participent à des courses de véhicules tout-terrain (VTT) et de voitures. Avec celui qui est toujours son conjoint aujourd’hui, Jessica décide de faire de sa nouvelle passion son métier. À l’automne, les deux jeunes s’inscrivent pour le DEP en carrosserie. Elle sait qu’il y a peu de femmes dans le domaine : le métier est dominé par les hommes à 98,1 %. « Cela ne me gênait pas de me lancer dans un métier traditionnellement masculin, commente-t-elle. J’ai toujours eu davantage d’amis garçons, et je suis bien en leur compagnie, mais, au début des années 2000, une fille, et qui plus est une fille ni très grande ni costaude, c’était plutôt inusité dans un garage. »
Une fille parmi les gars Jessica a terminé 3e aux Olympiades québécoises des métiers en 2006. Une première expérience des compétitions qui l’amènera jusqu’au Mondial des métiers où elle représentera le Canada. Au CFP Wilbrod-Bherer, Jessica se souvient avoir été bien accueillie par les enseignants qui l’ont épaulée tout au long de son parcours : « Nous étions une soixantaine d’élèves répartis en trois groupes, une fille par classe. » Bien sûr, la formation n’a pas toujours été une partie de plaisir : « Des gars qui flirtent ou essaient de te faire croire que tu n’as pas fait le bon choix, il y en avait, mais des jugements ou des bêtises de la part des autres, ça ne m’atteignait pas. Chaque module m’ouvrait un nouveau monde : la soudure, la peinture, le débosselage. Le métier fait appel à toutes sortes de techniques. » Elle et son conjoint s’entraident.
Une femme qui se démarque Jessica conseille aux filles qui rêvent d’entreprendre un programme de formation menant à l’exercice d’un métier traditionnellement masculin de suivre leurs passions. Pour elle, la carrosserie exige davantage de précision et de minutie que de force physique. Jessica a terminé 3e aux Olympiades québécoises des métiers en 2006 et 2e aux Olympiades canadiennes à Halifax la même année. Elle est embarquée dans l’aventure pour en tirer le meilleur. Par la suite, elle a eu la chance de représenter le Canada au Mondial des métiers, au Japon, en 2007. Jessica a marqué l’histoire. Elle est la première femme à concourir au Mondial dans un métier traditionnellement masculin.
J’étais heureuse d’être là sur le podium, une femme qui se démarque dans un métier traditionnellement masculin. Les Olympiades m’ont donné confiance en moi. Pour moi, ce fut une aventure valorisante et aussi l’occasion d’intégrer des méthodes de travail qui me servent encore aujourd’hui.
Jessica Leclerc, carrossière
Les exigences du métier Minutie : le mot revient souvent lorsqu’on parle de son métier à Jessica. Pour elle, la carrosserie exige davantage de précision et de minutie que de force physique : « Il faut savoir observer et trouver les bonnes stratégies. Je suis une perfectionniste, mais j’ai la patience que cela exige. Lorsque je travaille sur une voiture, même un vieux « bazou », je fais le travail comme s’il s’agissait de ma voiture. C’est agréable de voir la métamorphose qu’il peut y avoir entre l’état où on reçoit un véhicule et ce qu’on est capable de faire avant qu’il ressorte du garage. »