De Paris à Montréal Bénédicte Morfin a choisi de changer de carrière. Après avoir pensé à reprendre des études universitaires, elle s’est finalement orientée vers une formation professionnelle. La jeune trentenaire a grandi dans la région parisienne. Son père est cadre en informatique et sa mère retraitée de la fonction publique. Dès l’enfance, Bénédicte a voyagé avec sa famille, une passion pour les voyages qu’elle a continué de développer devenue jeune adulte. Après le baccalauréat français, elle a étudié en droit et fait un stage en Italie.
À 23 ans, son master en poche, elle a intégré la fonction publique française; elle a travaillé plusieurs années au ministère de la Justice où elle a gravi progressivement les échelons.
Suivre son conjoint au Québec À la recherche d’une formation courte pour rejoindre le marché du travail, elle a porté son choix sur un DEP en infographie. Bénédicte a choisi d’immigrer au Québec pour rejoindre son conjoint français, installé au Québec en 2014. Après quelques années de relations à distance, alors que sa vie parisienne était bien organisée avec un poste de cadre et un appartement de fonction, elle a décidé de s’expatrier et de recommencer à neuf à Montréal avec son conjoint.
Nouveau départ Changer de pays ne se fait pas en claquant des doigts. Cela demande une bonne dose de courage et de patience. Bénédicte se rappelle « J’étais en mesure de prendre un congé sabbatique et de conserver mon emploi en France, ce qui me donnait une certaine sûreté si cela ne se passait pas bien. Malheureusement, comme le droit français constitue un domaine difficilement transposable au Québec, mon diplôme ne pouvait pas être reconnu ici à sa juste valeur.
N’étant pas avocate, il n’y a pas d’équivalence possible avec le Barreau, alors je me suis mise à chercher un autre projet de vie, et l’option de venir étudier m’est apparue comme la plus simple, car il faut un motif pour venir au Québec. Après avoir envisagé un retour à l’université, j’ai plutôt cherché une formation courte me permettant de travailler rapidement. »
Le métier d’infographiste « J’ai aimé la formation. Les enseignants connaissent bien le métier, plusieurs l’exercent en parallèle, ils ont une expérience pratique enrichissante. » Bénédicte Morfin. Débarquée dans la métropole québécoise en 2018, son permis d’études en poche, Bénédicte s’est inscrite au DEP en infographie. Elle amorce cette formation avec un objectif clair en tête : faire sa vie au Québec.
Pourquoi l’infographie? « C’est un domaine créatif et transversal. Cela va chercher ma fibre artistique. J’adore la diversité des techniques abordées, notamment la photographie, l’intégration Web. On peut exercer dans des secteurs très variés grâce à ce diplôme et, en contexte de pandémie, il y a une très forte demande pour les sites Web et les boutiques en ligne. Toutes les entreprises en ont besoin. Je ne m’ennuie jamais! »
Grâce à une entente France-Québec, la formation ne lui coûte presque rien. Cet argument a pesé dans sa décision. Au centre de formation professionnelle Calixa-Lavallée, à Montréal-Nord, Bénédicte s’intègre rapidement dans un groupe multiculturel et multigénérationnel. Elle progresse sans difficulté et obtient son diplôme juste avant l’épidémie de COVID-19 : « J’ai aimé la formation. Les enseignants connaissent bien le métier, plusieurs l’exercent en parallèle, ils ont une expérience pratique enrichissante. » Pendant le DEP qui totalise 1800 heures, Bénédicte a travaillé à temps partiel dans un magasin pour les animaux.
Pour son stage, elle a répondu à une offre d’emploi d’une petite entreprise dynamique, ce qui lui a permis, sous la supervision d’un développeur, d’aller chercher de nouvelles compétences Web. « Depuis la fin de mes études, j’y travaille toujours comme infographiste et intégratrice Web, se réjouit-elle, avec une belle équipe et des projets motivants. »
J’adore la diversité des techniques abordées, notamment la photographie, l’intégration Web.
Bénédicte Morfin, 34 ans, infographiste et intégratrice Web
Québec Métiers d’avenir L’organisme québécois Québec Métiers d’avenir a aidé Bénédicte dans ses démarches, notamment pour trouver une place dans une école qui lui convient. « Avant l’arrivée, c’est surtout l’inscription dans un cursus qui a été difficile ainsi que l’obtention du permis d’études. Trouver un stage à la fin de la formation n’a pas été simple non plus et il y a toujours la crainte de l’échec. Québec Métiers d’avenir a fait le trait d’union avec les écoles.
L’organisme m’a également versé une bourse d’études. » Et que dirait la jeune femme à un ami ou une amie qui souhaiterait suivre ses traces? « Il est important de bien se renseigner et d’être patient parce que les démarches sont longues.
Cela m’a occupée pendant six mois. Il faut aussi bien se préparer au choc du climat et être rigoureux dans son projet d’études. » Bénédicte considère avoir fait le saut au bon âge, « car, plus le temps passe, plus il est difficile de quitter son pays ».
Vie de famille lavalloise Entre son poste de cadre à Paris et son emploi actuel, Bénédicte a tout de même dû accepter une baisse de salaire. « Mais je vis mieux, j’ai moins de pression au travail, et le changement a quelque chose de stimulant », pondère la jeune maman. La dernière année a été fort occupée : Bénédicte a donné naissance à un petit garçon en juin et toute la famille a déménagé dans une maison à Laval.
À la mi-temps de son congé de maternité, Bénédicte a comme projet… de trouver une garderie! À plus long terme, elle aimerait réussir à combiner ses nouvelles compétences et son expertise passée : « Il faut simplement que je trouve le bon filon », conclut-elle, optimiste.
Les aptitudes nécessaires à un projet d’études à l’étranger ? Une grande rigueur et une bonne gestion du stress
Bénédicte Morfin, 34 ans, infographiste et intégratrice Web