La naissance du projet Stéphanie peut apprécier le chemin parcouru. À plus de 40 ans, accompagnée de sa famille, elle a réussi son intégration au Québec. En 2017, Stéphanie Cliche-Mathieu, son mari et leurs trois enfants de 9 ans, 7 ans et 2 ans habitent la région de Haute-Savoie, en France, tout près de la Suisse. Stéphanie est titulaire d’un baccalauréat en sciences économiques et sociales ainsi qu’un diplôme d’État en soins infirmiers : « J’ai exercé le métier d’infirmière pendant vingt ans avant de devenir directrice de crèche – l’équivalent d’un centre de la petite enfance au Québec. J’ai développé le goût du travail administratif et l’envie d’aller chercher les compétences appropriées. Or, la formation professionnelle en France est quelque chose d’encore difficilement accessible, et de coûteux lorsqu’on est un adulte en réorientation professionnelle. »
Son mari, assembleur-mécanicien, travaille pour Bombardier dans une de leurs usines suisses; il est alors question de muter certains employés au Québec. Stéphanie est tentée par l’aventure : « La formation administrative que je souhaitais suivre et qui m’était inaccessible en France s’intégrait naturellement dans notre projet d’immigration. Nous en avons discuté avec les enfants. Cela a mûri en famille. »
La famille visite à Paris les Journées du Québec. Dans ce salon, qui vise à séduire de potentiels immigrants français, Stéphanie rencontre des gens de Québec Métiers d’avenir, un organisme qui l’aidera pendant tout le processus. La famille débute alors les démarches pour concrétiser sa venue. Cela dura un an. « Tout au long de l’aventure, Québec Métiers d’avenir a été notre lien pour mener à bien les démarches administratives. Ils nous ont également aidés à trouver un logement pour 5, meublé – une rareté. »
Opter pour la région C’est à Magog, en Estrie, que Stéphanie a choisi de s’installer. Plus de 80 % des nouveaux arrivants au Québec choisissent Montréal. Après l’installation, les démarches pour obtenir la citoyenneté, la scolarisation des enfants, les premières relations d’amitié et la construction d’un réseau (médecin, dentiste, coiffeuse, etc.), la plupart des gens vont demeurer dans la ville qui les a accueillies.
Pour Stéphanie, le choix de Magog s’est fait « un peu au hasard ». Seuls quelques centres de formation offraient le double DEP qu’elle souhaitait suivre. « Nous ne sommes pas des gens qui aiment la grande ville, alors nous étions heureux d’aller en Estrie. Le fait de se retrouver dans des municipalités moins populeuses qu’en métropole présente certains avantages, notamment la chaleur de l’accueil. On se sent rapidement adoptés par la communauté. »
À leur arrivée, Stéphanie se souvient du stress et de l’angoisse lors du passage aux douanes puis la route vers Magog avec les enfants fatigués et leurs nombreuses valises et l’accueil de leurs propriétaires, une fois à Magog : « Le mercredi, nous allions faire une première visite à l’école des enfants, et nous avons eu l’impression d’être attendus depuis toujours. Alors on s’est dit ça y est! On a réussi! »
Formation individualisée Intéressée par le double DEP proposé par le centre de formation professionnelle Memphrémagog, Stéphanie a repris le chemin des études. Au centre de formation professionnelle Memphrémagog où elle entre en octobre 2018, le défi de Stéphanie constitue à réintégrer le domaine scolaire après plus de 20 ans dans le milieu professionnel : « Comme infirmière, j’étais toujours en mouvement. Me retrouver de longues journées assise à suivre une formation, cela m’a demandé une certaine adaptation. Il faut aussi réapprendre à apprendre. Le soutien des enseignants a été incroyable. C’est une formation très complète, en adéquation avec le marché du travail, et qui m’a donné tous les outils qu’il me fallait. »
En outre, Stéphanie a apprécié l’approche individualisée : « La formation est basée sur le rythme de chacun. Comme je suis quelqu’un qui apprend vite, j’ai pu faire ma formation en à peine 18 mois, au lieu de 27, et intégrer le marché du travail plus tôt, ce qui représente un gros avantage. »
Stéphanie a obtenu son diplôme d’adjointe administrative en mai 2020. Aussitôt, elle a joint l’équipe du cabinet d’avocats où elle a fait ses stages.
Il faut aussi réapprendre à apprendre. Le soutien des enseignants a été incroyable.
Stéphanie Cliche-Mathieu, adjointe administrative
Nouveau métier Elle finira sa formation en 18 mois au lieu de 27 et pourra ainsi intégrer le marché du travail plus tôt. Comme adjointe administrative, Stéphanie reçoit les appels et accueille la clientèle. Elle fixe et confirme les rendez-vous et classe des documents confidentiels. Elle prend des notes et rédige des procédures et autres documents juridiques.
Côté comptabilité, elle calcule et prépare des documents comme des factures, gère l’encaisse ainsi que les comptes fournisseurs et les comptes clients. Elle peut avoir à effectuer d’autres tâches, très nombreuses et diverses, comme du traitement de texte ou du classement. C’est un métier stimulant et varié qui exige honnêteté, discrétion et méthode. « Je me réalise pleinement dans mes nouvelles fonctions. J’ai davantage de respect, de reconnaissance. Contrairement à la France, la hiérarchie est moins présente ici, et la conciliation travail-famille plus aisée, c’est accepté d’avoir à s’absenter occasionnellement pour s’occuper de nos enfants. »
Et si c’était à refaire ? Elle finira sa formation en 18 mois au lieu de 27 et pourra ainsi intégrer le marché du travail plus tôt. Partir de France pour venir vivre au Québec comporte son lot de défis : « Il y a bien évidemment l’hiver québécois, mais aussi le rythme des repas qui est différent, les produits qui ne sont pas les mêmes au marché, les habitudes de vie qui ne sont pas nécessairement celles avec lesquelles on a grandi. Il faut s’adapter. Mais, rapidement, on découvre notre pays d’adoption, et on se construit une vie. »
Selon la Magogoise d’adoption, tout nouvel arrivant doit développer certaines aptitudes, dont l’ouverture d’esprit : « Accepter son statut d’immigrant me paraît primordial, et être prêt à s’ouvrir à une culture, à des habitudes et à un rythme de vie qui peut être totalement différent du sien, sans préjugé. »
Derrière la maison qu’ils ont achetée à Magog, la famille Cliche-Mathieu a aménagé cet hiver une patinoire. Les filles fréquentent le centre musical d’Orford dans le cadre de leur concentration scolaire dans l’harmonie de l’école. Il y a aussi le parc national où ils aiment bien faire du kayak.
Stéphanie considère qu’ils ont gagné au change : « Nous avons une belle qualité de vie, et les enfants ont accès à des activités qu’ils n’auraient pas eues en France. Je suis fière d’avoir réussi ma réorientation ainsi que d’avoir offert à mes enfants cet avenir. Aucun membre de la famille ne le regrette. »
Comme nouveaux arrivants, c’est à nous de nous adapter afin d’être au diapason de la culture qui nous accueille.
Stéphanie Cliche-Mathieu, adjointe administrative