« J e n’ai jamais laissé mon handicap me freiner. J’ai appris à composer avec, simplement. Si une personne devient handicapée du jour au lendemain, c’est peut-être plus difficile pour elle de fonctionner normalement dans les premières années , mais il ne fa u t pas s’arrêter à ça. Moi, je suis peut-être un peu plus lent au départ, mais avec l’ expérience , il n’y a pas de différence. »
Jérémy Pelletier, diplômé en usinage
Une carrière de machiniste Depuis la fin de ses études en janvier 2024, Jérémy a joint Usinage Richelieu, une entreprise de Sainte-Victoire-de-Sorel qui a acquis une solide réputation nationale et internationale en matière d’usinage industriel et de précision.
Le jeune homme œuvrait déjà comme journalier dans l’entreprise lorsqu’il a amorcé sa formation. Depuis l’obtention de son diplôme, il poursuit la tradition familiale et y occupe un poste de machiniste, comme son père. Et il compte bien avoir une longue carrière dans l’entreprise, où il est même la plus jeune recrue!
Apprentissage en milieu de travail Jérémy continue de développer ses compétences professionnelles. Ses journées sont variées: i l façonne ses pièces à l’aide de différentes machines-outils telles que tour, fraiseuse, aléseuse, cisaille, etc . D’une journée à l’autre, les articles à fabriquer changent. Parfois, il s’agit d’une pièce unique et d’autres fois, Jérémy doit fabriquer plusieurs pièces identiques. «Nous travaillons notamment pour l’industrie des pâtes et papiers et l’industrie hydroélectrique, c ’es t passionnant !»
Il doit aussi s ’a ssurer de la qualité des produits finis avant leur livraison en vérifiant les dimensions des pièces usinées à l'aide d’outils de précision.
Le DEP en usinage qu’a suivi Jérémy s’est échelonné sur un an en Alternance travail-études : « Notre stage était rémunéré, alors il n’était pas nécessaire de gagner de l’argent à mi-temps ailleurs au long de nos études , s’est réjoui le diplômé en formation professionnelle . Nous avons passé beaucoup de temp s en usine. J’ai vraiment apprécié cette approche, car je trouve qu’on apprend différemment sur le terrain.»
R écemment mis à jour , le DEP a englobé l’Attestation de spécialisation professionnelle (ASP) Usinage sur machines-outils à commande numérique, un apprentissage souvent essentiel en entreprise. Pour Jérémy, les défis de la formation ont consisté à passer à travers les modules théoriques et à ma î triser certaines opérations mathématiques. Mais il a fourni des efforts soutenus ; d’ailleurs s es enseignant s lui ont remis un méritas de persévérance.
Les Olympiades canadiennes des métiers et des technologies Les talents de machiniste de Jérémy ont même attiré l’attention de ses enseignants au Centre Bernard-Gariépy de Sorel-Tracy qui ont vu en lui un candidat potentiel pour compétitionner en usinage.
Sa détermination et sa motivation l’ont donc mené à représenter Équipe Québec et sa région de Sorel-Tracy aux dernières Olympiades canadiennes des métiers et des technologies qui avaient lieu à Québec en mai 2024.
Pendant le concours, les compétiteurs devaient fabriquer différentes pièces en aluminium et en laiton qui pourraient servir dans le montage d’une voiture, d’un train ou d’un avion, par exemple. La précision de leur exécution était évaluée par des juges alors qu’ils ont dû opérer plusieurs types de machinerie pour produire les pièces les plus parfaites possibles.
Métier : profil et perspective d’emploi Pour Jérémy, il ne fait pas de doute, le métier de machiniste exige le souci du détail: «Il faut posséder de bonnes connaissances en mathématiques pour calculer ses mesures au millième de pouce près. Avoir un sens mécanique aiguisé ainsi que la capacité de visualiser en trois dimensions les pièces à réaliser. La patience et la dextérité sont des qualités indispensables. Je pense aussi que cela prend de l’autonomie et une facilité à réfléchir et à trouver des solutions selon les problèmes rencontrés. Mais j’aime ça, le métier fait appel aux habiletés manuelles autant qu’à notre capacité de réflexion.»
Les perspectives d'emploi seront modérées pour les machinistes au Québec jusqu’en 2025, selon les prédictions du gouvernement canadien. L'emploi dans cette profession dépend principalement de la vitalité du secteur de la fabrication. La reprise de l'activité manufacturière et les projets de construction, ainsi que les retombées de l'American Job Plan sur les besoins de matériaux devraient jouer un rôle positif sur ce secteur d’emploi, alors que les changements technologiques modèrent la croissance.
Un handicap qui ne le définit pas En travaillant, les personnes handicapées participent au succès économique des entreprises et du Québec, fait valoir l’Office des personnes handicapées du Québec. L'actuelle campagne de sensibilisation et d'information Entreprise inclusive, entreprise d'avenir met en valeur la contribution et le talent des travailleuses et travailleurs handicapés.
Jérémy s’est intégré sans difficulté à son nouveau poste: «Je bénéficie d’un milieu professionnel ouvert et je ne suis pas le genre de gars à me laisser freiner dans la vie. Mon handicap n’a aucun impact sur mes compétences», indique le principal intéressé.