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Oluwafemi Marie-Ange Badirou, du Bénin à Montréal, et sur le podium des Olympiades!

Publié le : 14 décembre 2023
Oluwafemi Marie-Ange Badirou, du Bénin à Montréal, et sur le podium des Olympiades!

Marie-Ange Badirou naît à Cotonou, une grande ville portuaire située sur la côte sud du Bénin, en Afrique de l'Ouest. Dans son pays d’origine, elle complète un baccalauréat du second degré en Génie électrique. Après l’examen national, l’excellence de ses résultats scolaires lui donne accès à une bourse pour enrichir sa formation à l’étranger ; son choix s’arrête sur le Canada, où elle est admise à la Polytechnique Montréal.

Une femme en génie

Une femme en génie

De son arrivée au pays en 2014, Marie-Ange se souvient de la difficulté à comprendre le français québécois et le choc du premier hiver. Avec le temps, elle s’acclimate au Québec… mais pas tout à fait à l’hiver : « Je possède même une voiture et je sors la pelle tout l’hiver, alors que je trouvais cela tellement ridicule au départ… Mais le froid, on s’en passerait bien! » Elle réussit avec succès le baccalauréat, avec tous les défis qu’il suppose, et débute sa carrière d’ingénieure après quatre ans d’études. 

Au moment où nous discutons avec elle, Marie-Ange est à l’emploi de CAE Montréal, une entreprise de haute technologie proposant des solutions numériques immersives améliorant la sécurité, l’efficacité et la préparation au niveau dans l’aviation civile, de la défense et de la sécurité.

Suivre ses passions

Parallèlement à ses études et à sa carrière en aérospatiale, Marie-Ange cultive depuis longtemps un intérêt soutenu pour la couture, les vêtements, le design de mode. « Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela n’est pas si différent du génie, fait-elle remarquer. Il y a ce côté technique qui m’a toujours plu. »

Dans ses temps libres, elle développe ses compétences en écoutant des tutoriels sur YouTube. Sur un coup de tête, elle décide de s’inscrire en Technologie de la Mode à l’École des Métiers des Faubourgs-de-Montréal (EMFM) à temps partiel, de soir, en conservant son emploi.

Un programme complet

Un programme complet

Le programme de formation en Mode et confection de vêtements sur mesure est un DEP qui ouvre toutes grandes les portes de la création de mode, avec l’acquisition de compétences pour réaliser des projets complexes de confection. Après une année à mi-temps, Marie-Ange abandonne son emploi pour s’y consacrer à plein temps. Elle adore son expérience à l’EMFM : « Mon passe-temps est devenu une véritable passion. Je n’avais pas en tête d’en faire un métier, mais j’ai pu apprendre et maîtriser les bonnes techniques. Les enseignants sont formidables et si disponibles. La formation est axée sur les travaux pratiques et nous avons l’opportunité de nous développer, sans limites. Et comme les groupes sont petits, on a beaucoup de temps enseignant-élève, ce qui procure des conditions d’apprentissage vraiment extraordinaires. »

Pendant sa formation, La jeune Béninoise a eu l’occasion d’apprendre à confectionner des robes, des manteaux, du linge de maison et des vêtements sur mesure. Comme couturière diplômée, elle possède les compétences pour transformer des patrons, faire de la finition et la retouche de vêtements et effectuer des réparations complexes.

Les Olympiades québécoises

Les Olympiades québécoises

Ce sont les enseignantes qui suggèrent à Marie-Ange de prendre part aux Olympiades. Elle se prépare aux sélections régionales en solo où elle est choisie. Par la suite, avec l’aide précieuse de sa coach et de toutes les enseignantes en couture, elle passe dix heures par semaine à affiner ses gestes et ses techniques en vue de compétitions qui se sont déroulées à Québec en 2023.

Des journées fébriles de compétition, Marie-Ange se souvient comment il s’avère valorisant de faire quelque chose que l’on aime sous le regard des visiteurs, particulièrement des enfants et de leur belle curiosité. Elle a apprécié découvrir de nombreux métiers sur le site des compétitions. Voir tous ces concurrents se dépasser. « Aux Olympiades, on passe vraiment à un niveau supérieur! » Sans surprise, avec un entraînement si sérieux, elle a décroché la médaille de bronze.

 

« C’est vraiment cool de recevoir une médaille! Cela m’a donné énormément de confiance en moi et en mes projets de couture. Grâce aux Olympiades, j’ai fait des gains d’apprentissage qui me servent dans tout ce que j’entreprends. »

Marie-Ange Badirou

Et maintenant? Retour à l’ingénierie!

Et maintenant? Retour à l’ingénierie!

Depuis la fin de ses études, Marie-Ange est revenue à ses premiers amours : le génie. Les femmes sont sous-représentées dans ce domaine, tant dans le monde universitaire que dans la profession d'ingénieur. Comme femme, mais aussi comme femme immigrante, a-t-elle trouvé cela difficile de s’intégrer et de faire sa place ? « Je n’ai pas vécu de racisme, répond-elle après une courte réflexion, et j’ai toujours senti que nous profitions de chances égales.

Oui, être une femme en génie, c’est un défi, mais depuis que je suis toute petite, je me suis habituée à être souvent une femme minoritaire dans les groupes de science, cela ne me fait pas peur! Je me donne toujours le défi d’être meilleure que les garçons, de faire mes preuves et de les coiffer à la ligne d’arrivée. »

Les projets de Marie-Ange

Dans ses loisirs, Marie-Ange continue la couture et souhaite apprendre à concevoir des vêtements virtuels en 3D. Elle envisage également de découvrir le reste du Canada pendant ses vacances.

Elle est fière de son parcours. Surtout s’il peut inciter d’autres femmes à entreprendre une carrière scientifique : « Il y a beaucoup de stéréotypes qui nuisent à l’intégration des femmes en science. Il faut leur montrer que le génie n’est pas un mystère, leur présenter des modèles de réussite. »

Comme Africaine qui vit depuis près d’une dizaine d’années au Québec, elle ressent encore parfois des difficultés d’intégration : « Cela se passe bien dans le cadre du travail, mais le côté social demeure un défi, la communication, les habitudes culturelles; la pandémie a engendré beaucoup de solitude », raconte celle qui a obtenu la citoyenneté canadienne en 2023. « Aujourd’hui, c’est au Québec que j’ai mes repères, j’ai des amis. Je mange de la poutine et j’adore toutes les activités qui se déroulent à Montréal, l’été. C’est chez moi et c’est ici que je veux vivre. »

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