Choisir de se réorienter Le parcours académique de la femme de 34 ans a été mouvementé . À partir de l’âge de 16 ans, elle gagn e sa vie dans le secteur de la restauration , avant de compléter un premier DEP en Production horticole. S ’ e n sont suivi es de belles année s comme ouvrière horticole, puis comme horticultrice. Elle décide ensuite d’ajouter des cordes à son arc avec le DEP en Réalisation d’a ménagement s paysager s , qui l’a mené e à œuvrer en terrassement, notamment sur des chantiers de construction. C’est à ce moment que l’idée d’ une formation dans un métier traditionnellement masculin germ e dans son esprit.
Seule femme, mais bien accompagnée Au Centre de formation des Métiers de l’Acier d’Anjou , la seule autre femme de la cohorte de Jade a rapidement abandonné le programme. Jade avoue que se retrouver en minorité n’est pas toujours facile, même à l’école. Heureusement, elle a pu compter sur le soutien de son école: «J’ai profité d’un mentorat exceptionnel à mon centre de formation en plus d’un soutien financier. Ça m’a aidée à garder le cap sur mes objectifs de formation. D’abord, il y avait une travailleuse sociale et une psychoéducatrice qui m’ont aidée à gérer mon anxiété de performance. Aussi, l’école m’a mise en contact avec une ancienne diplômée qui a pu répondre à mes questions, ou simplement discuter avec moi de ce qu’elle vivait, de ce que je ressentais aussi. Je dirais que cela a fait une grosse différence.»
Bien qu’elle ait parfois été confrontée à des remarques désobligeantes suggérant que les femmes n’ont pas leur place en construction, cela ne l’a pas dissuadée de poursuivre son chemin. Elle a aussi pu compter sur le soutien de sa famille: «Au départ ils avaient peur pour moi, car c’est un métier difficile et j’ai dû les convaincre.», dit-elle.
Un métier exigeant physiquement Le montage et l’installation de structures d’acier est un métier qui s’exerce aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur dans les secteurs résidentiel, commercial, institutionnel et industriel. Jade confie qu’il ne faut pas sous-estimer l’effort physique de ce métier. Les monteurs-assembleurs et les monteuses-assembleuses doivent utiliser de l’équipement de levage, de manutention, de coupe et de soudage pour assembler des poutres, des colonnes et d’autres éléments de structure en acier tels des escaliers, des panneaux, dalles, murs, etc. Ils se servent aussi d’instruments d’alignement, de mise à niveau, de montage, de boulonnage et de serrage de même que de l’outillage spécialisé.
Heureusement pour Jade, elle peut compter sur sa force physique, mais aussi sur collaboration de ses collègues : «Il est toujours possible de se faire aider». Il faut également être capable de travailler en hauteur et faire preuve d’une grande vigilance. «Il faut être minutieuse, rigoureuse, autonome et responsable, »
Les changements de mentalités Dans un milieu qui a longtemps été une chasse gardée masculine, il lui arrive de recevoir des commentaires désobligeants : «Mais la plupart des travailleurs savent que certaines choses ne passent plus. Parfois, il ne faut pas hésiter à prendre la parole s’il y a quelque chose de dérangeant. C’est une question de respect et de fierté. En situation minoritaire, je crois que cela exige encore plus de motivation et de bonne humeur. Il faut être en mesure d’analyser son environnement.»
« Si on souhaite, comme société, que les femmes soient plus présentes dans les métiers de ma construction, il va falloir valoriser celles qui y font leur place. Les voir. Et aussi, je crois que le mentorat fait ses preuves. En tout cas, moi, je veux m’investir pour aider les autres femmes. »
Jade Boutin-Boulais, monteuse assembleuse de charpentes métalliques
Premiers pas dans le bâtiment Après avoir reçu son diplôme, Jade a profité des conseils avisés de sa mentore qui lui a partagé certains contacts de son carnet d’adresses pour trouver du travail. Depuis la jeune femme ne chôme pas: «Je travaille pour une petite entreprise où mes collègues ont à cœur de partager leurs connaissances et leur expertise. Et il est toujours possible de se faire aider par son syndicat. Ils reçoivent des demandes de main-d’œuvre constamment. Ce ne sont pas les contrats qui manquent dans le domaine! Je continue à apprendre. Les tâches sont diversifiées, les journées ne se ressemblent pas», commente-t-elle.
Et elle ne s’arrêtera pas là: la Montréalaise a comme objectif d'obtenir le certificat de compétence compagnon (CCC). «Une apprentie de 35 ans dans mon métier, c’est rare.» Elle ne se ferme pas non plus à la possibilité d’enseigner un jour. «Comme société, si on souhaite que les femmes soient plus présentes dans les métiers de la construction, il va falloir valoriser celles qui y font leur place. Les voir. Et aussi, je crois que le mentorat fait ses preuves. En tout cas, moi, je veux m’investir pour aider les autres femmes.»