Tu as complété avec succès des études universitaires et tu détiens une solide expérience de travail au Cameroun, qu’est-ce qui t’a donné envie de venir au Québec et retourner aux études en formation professionnelle? Depuis mon adolescence, j’ai été initiée aux travaux techniques et manuels par mon père. Par exemple, j’ai appris à changer le pneu d’une voiture, à réparer un moteur. Au fil du temps, cet intérêt s’est transformé en passion. Je dirais que c’est toute ma vie! J’aime résoudre des problèmes. Comme je suis une femme sportive, le travail physique, je trouve ça fun , c’est un beau challenge !
D’un point de vue professionnel, dans mon pays, j’avais l’impression de stagner au travail et je trouvais les tâches monotones. Je souhaitais prendre un nouveau départ dans un métier plus épanouissant. Je cherchais une formation courte donnant un accès privilégié au marché du travail. Venir au Canada m’offre des opportunités que je veux saisir: profiter des avancements technologiques stimulants, de belles possibilités de carrière, et aussi offrir à mes enfants un avenir meilleur.
Quelles sont les raisons qui t’ont poussée à choisir la mécanique industrielle? Elle englobe plusieurs disciplines : l e soudage, l’électricité, l’usinage . C ela fait de nous de futurs employés polyvalents. Comme mécanicienne industrielle, je serai en mesure de travailler pour des entreprises dans une panoplie de domaines !
As-tu fait face à des difficultés en immigrant au Québec Affronter la météo et l’hiver, m’initier aux transports en commun et aux longs transports entre mon lieu de vie et mon lieu d’études. Heureusement, je vie avec ma sœur déjà installée au Québec, et cela a facilité mon intégration. Comme je travaille en plus d’étudier, je suis dans une période où 100% de mon temps est consacré à mon projet, cela requiert toutes mes énergies. Mais je ne me laisse pas aller au découragement, ce qui m’attend est meilleur que ce que j’ai laissé et si d’autres ont réussi, pourquoi pas moi!
Tu suis ton DEP en formation individualisée, peux-tu nous en parler? Je reçois une formation d’excellente qualité, bien structurée et vraiment intéressante. Les enseignants sont coopératifs, encadrants et vraiment gentils . La formation individualisée permet de cheminer à son propre rythme. Ce je trouve bien avec cette méthode, c’est qu’on ne peut pas se fier sur le groupe, on doit s’investir pour acquérir les compétences, chacun se retrouve au cœur de sa formation .
Quels conseils donnerais-tu aux femmes qui hésitent à choisir la mécanique industrielle? Faites preuve d’ouverture d’esprit! Si vous n’avez jamais fait de mécanique, ce n’est pas grave, car vous allez commencer à la base. C’est un métier qui touche à tout: on apprend à installer, réparer, dépanner et modifier divers systèmes mécaniques, hydrauliques, pneumatiques, etc. Et tout ce qu’on apprend s’avère utile dans la vie de tous les jours.
«Comme femme et comme A fricaine, j’ai réussi à m ’intégrer dans mon centr e de formation s ans trop de mal. Alors, vous êtes capable! Je me donne les moyens de réussir. Le soir, je révise, j’effectue des recherches sur Internet si je ne comprends pas quelque chose , le lendemain, j’arrive en classe avec mes questions .»
Marcelle Motue, étudiante en mécanique industrielle
Selon toi, quel est le meilleur moyen d’encourager les femmes à opter pour des domaines traditionnellement masculins? Pour moi, tout passe par l’éducation, dès la petite école. Il faut que les enfants aient la chance d’expériment er et d’observer des modèles positifs . I l faut donner accès aux filles à des travaux manuels, à des ateliers de mécanique, etc., pour les initier et leur ouvrir un monde de possibilités .
Quelles sont les aptitudes nécessaires pour exceller dans ton métier? C’est un métier de résolution de problèmes dans un domaine en constante évolution, alors il faut être prête à s’adapter aux avancées technologiques, continuer d’apprendre et cultiver sa curiosité. Cela exige aussi de bonnes habiletés manuelles et de bonnes méthodes de travail.
En plus de tes études, tu travailles aussi à temps partiel comme concierge, en plus de faire du bénévolat. Comment vis-tu avec cet horaire très chargé? M’investir dans la communauté constitue une bonne façon de m’intégrer et j’adore la chaleur des Québécois! Je donne du temps comme membre bénévole à l’ A ssociation des réfugiés et des immigrants sans frontières (ARISF), à l’organisme MaddyPots et à la Basilique Notre-Dame de Montréal comme servante de messe .
Comment t’es-tu intéressée aux Olympiades canadiennes des métiers et des technologies? Marcelle en mai 2024, aux Olympiades canadiennes des métiers et des technologies Mes enseignants n’ont pas eu à fournir trop d’efforts pour me convaincre de vivre l’aventure des Olympiades. La compétition, c’est un super challenge!
À mon centre de formation, il y a eu un examen théorique où j’ai bien performé, puis nous avons fait une épreuve pratique où je me suis démarquée des deux autres candidats.
Je veux montrer que les femmes sont aussi capables que les hommes capables dans les métiers traditionnellement masculins.
Quels sont tes projets d’avenir? Je suis venue au Canada avec un permis d’étude. Je compte suivre le processus afin de devenir résidente permanente. Je veux aussi , bien sûr , faire venir mes enfants au Québec ; ils sont restés au pays avec mes parents, mais viendront me rejoindre lorsque j’aurai obtenu mon diplôme et trouvé du travail. Nous allons nous établir ici, acheter une maison. Dans mon domaine , l es perspectives d’emploi sont excellentes et je suis optimiste pour l’avenir .