Choisir son propre chemin Maude Binette n’a pas eu un parcours typique. Celle qui est native de Saint-Hippolyte raconte avoir trouvé l’école un peu ennuyeuse. «Mais j’aimais tout ce qui touchait à l’art et les enfants, raconte-t-elle. Après le secondaire, j’ai essayé un temps le DEC en Techniques d'éducation à l'enfance, avant de bifurquer vers les arts avec l’idée de devenir enseignante en arts plastiques.»
Après avoir obtenu un certificat universitaire, la jeune femme se préparait à poursuivre ses études en enseignement primaire et préscolaire à l’université de Sherbrooke, quand elle a découvert la technique d’airbrush utilisée en peinture automobile. «Cela a été un véritable coup de cœur, et j’ai décidé de me réorienter vers le DEP en Carrosserie. »
Un milieu masculin Maude est consciente que le domaine est largement dominé par les hommes, à 98,1 %. «Je suis assez têtue et je ne crains pas les hommes, dit-elle en riant. Le fait de me lancer dans un métier traditionnellement masculin ne m’a pas dérangée, d'autant plus que j’avais déjà fait un peu de mécanique avec mon père quand j’étais plus jeune, ce qui m'a donné l'intuition que je pourrais m’épanouir dans ce métier.» Elle décide donc de s’inscrire au Centre d'études professionnelles Saint-Jérôme.
Les années formatrices Par la suite, Maude encha î n e les emplois dans différents garages sur une période de dix ans. « J’ai travaillé pour plusieurs bannières , et aussi dans de petits garages. Cela m’a permis de connaître différents aspects du métier et de profiter du partage de connaissances de bien des carrossiers d’expérience . Au début, j’ai a ussi eu la chance de croiser une autre carrossière qui est devenu e une amie. Mais la période où on est apprentie, ça reste difficile. Je savais que j’avais du potentiel, alors j’ai persévéré. »
«Le patron? C’est moi!» Pendant la pandémie de COVID-19, avec l’aide de son conjoint, elle a construit un atelier de carrosserie dans sa cour. De retour après son congé de maternité, déçue par l’atmosphère de travail dans les garages en contexte de pénurie de main-d’œuvre, elle décide de se lancer à son compte en 2021. Grâce à un prêt de démarrage d’entreprise, elle équipe son atelier. Elle répare voitures et camions, en plus de personnaliser des motos, une de ses passions.
Son talent et le bouche-à-oreille lui amènent assez vite de la clientèle. Il n’y a pas si longtemps, certains clients pouvaient avoir des réactions réticentes en voyant une femme dans un atelier de carrosserie. Heureusement, ce genre de situation se produit de moins en moins, témoigne Maude. Elle gère seule son entreprise : publicité, suivi, estimations, comptabilité et commandes de matériaux et de pièces occupent ses soirées, mais elle ne regrette pas son choix: «J’ai une belle qualité de vie, et je peux plus aisément concilier ma vie de famille et le travail. C’est cool!»
«Les hommes sont en très grande majorité favorables à la mixité dans les garages. Dans de plus en plus d’ateliers, des femmes contribuent à briser les stéréotypes. Il faut présenter les femmes inspirantes qui se dépassent! Qui excellent! On n’en voit pas assez! J’ai hâte au jour où ce ne sera plus une surprise de croiser une fille.»
Maude Binette, carrossière
Les atouts de la mixité Même si son atelier en est à ses tout premiers débuts, Maude ressent beaucoup de fierté. Elle rêve du moment où elle aura « pignon sur rue »?: «Tout se passe bien. Je travaille fort, mais je suis contente de la qualité de mon travail. Un jour, quand mon garçon sera plus grand, j’aimerais aussi aller enseigner aux futurs carrossiers. Le partage de connaissance, c’est dans mes cordes.»
Selon elle, dans de plus en plus d’ateliers, des femmes contribuent à briser les stéréotypes. Et les hommes sont en très grande majorité favorables à la mixité dans les garages. «Il faut présenter les femmes inspirantes qui se dépassent, qui excellent! On n’en voit pas assez! J’ai hâte au jour où ce ne sera plus une surprise de croiser une fille.»
Un métier «artistique» Les carrossiers et carrossières, aussi appelés peintres de voitures ou débosseleurs, remettent en état les châssis des véhicules et réparent les éléments endommagés. « Un emploi de carrossier ou carrossière exige une personnalité méthodique, méticuleuse et débrouillarde, explique Maude. C’est un métier sans routine, ce qui est vraiment stimulant! Il faut avoir une excellente dextérité manuelle, être vif d’esprit et avoir le souci du travail bien fait, ce désir de perfection. En fait, on veut que ce soit aussi beau, voire plus beau, qu’une voiture neuve sortant du concessionnaire! »