Des nouveaux défis passionnants « Je suis encore un peu nouvelle dans le métier , j’apprends tous les jours » , raconte Valérie Leroux, 32 ans , native de Laval. Du lundi au vendredi, e lle enfile son uniforme, reçoit les bons de commande, inspecte les véhicules et effectue les réparations qui s’imposent. Moteur s , suspension s et ordinateur s de bord n’ont p lus de secrets pour elle. Après chacune de ses journées, celle qui sort du garage le visage noir de poussière et de t a ches d’huile prend cela avec le sourire . «J’aime la résolution de problèmes. J’aime trouver des solutions concrètes. Je suis fière de rendre les clients satisfaits.»
Oser se réorienter et sortir des sentiers battus Du côté de la famille du conjoint de Valérie, plusieurs personnes travaillent dans l’industrie automobile. Dans les dernières années, Valérie s’est mise à faire des petites réparations sous supervision et s’est pris d’un intérêt pour la mécanique auto: «Le côté pratique et concret m’intéresse. Je ressens une belle satisfaction à réparer quelque chose d’essentiel dans la vie des gens.» raconte celle qui habite à Sainte-Thérèse dans la région des Laurentides.
Valérie a dû affronter les stéréotypes et les sceptiques pour réaliser son rêve de compléter un DEP en Mécanique automobile puis une Attestation d'études professionnelles (AEP) en Mécanique de véhicules électriques . Elle a complété ce parcours à 31 ans.
Diplômée en 20 23 , elle est devenue mécanicienne à temps plein pour Mitsubishi. Elle intervient sur des véhicules de cette marque, évidemment , mais aussi sur des voitures de tous les concessionnaires, ainsi que sur des voitures hybrides ou électriques . Elle raconte s’être intégr ée naturellement dans le garage qui l’emploie à la fin de s on stage de f i n d’ études: « M a belle-sœur y est directrice, elle souhaitait que je vienne y travailler, je suis restée car j’y ai été bien accueillie. »
Un parcours à obstacles Qu’est-ce qui a mené Valérie à se réorienter? En 2010, la grève étudiante a malheureusement interrompu s es études en musique . Par la suite, elle a travaillé comme tutrice en musique et en français, puis comme aide-gérante dans la boulangerie d’une épicerie. Cette maman de deux enfants a aussi travaillé dans un entrepôt de produits capillaires avant de perdre son emploi pendant la pandémie. «À ce moment, le programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation (PARAF) m’a permis de participer à des rencontres de réorientation puis de financer mon retour aux études. J’avais déjà en tête de suivre le cours de mécanique, mais avec deux enfants, ç a n’est pas facile d’envisager de retourner étudier, cette aide d’appoint m ’ a encourag ée à faire le saut.»
Surmonter les difficultés En 2021, lorsqu’elle a entamé sa formation au Centre d’études professionnelles de Saint-Jérôme , c’est plutôt son âge que son genre qui inquiétait la mère de famille: «Je craignais d’être la seule le mon âge, de faire tache au milieu d’un groupe d’adolescents, mais finalement non, tout s’est bien déroulé. On m’appelait ‘’la maman’’, mais avec tendresse; les jeunes étaient gentils, et je n’étais pas la seule dans la trentaine. Je me suis fait des amis qui le sont encore.»
Elle craignait aussi de n’être pas assez forte pour visser et dévisser les pièces comme il se doit: «On dispose désormais d’outils en renfort. La force brute n’est plus un prérequis.» Enfin, étudier à temps plein tout en ayant deux enfants en bas âge n’est pas une mince affaire; elle a dû s’absenter suivant les microbes et les épisodes de gastro… «Heureusement, j’avais de la facilité à apprendre et des enseignants compréhensifs envers ma situation familiale.»
Au Centre d’études professionnelles de Saint-Jérôme, Valérie a apprécié la passion et l’engagement des enseignants dans la réussite des élèves. Elle mentionne aussi que le centre est équipé comme un vrai garage, avec 75 voitures de toutes les marques, ce qui permet de s’entraîner dans un contexte réaliste.
Un avenir électrique Un peu plus de quatre ans après avoir entrepris son retour aux études, la vie de Valérie a changé radicalement: «J’ai trouvé ce que j’espérais: un job stimulant, plein de défis et une belle gang de collègues, avec un horaire qui permet plus de conciliation avec ma vie de famille. Mon chum, mes enfants et ma famille sont heureux que je fasse un job que j’aime», résume-t-elle.
«Plus vous travaillez sur des véhicules, plus vous en apprenez. La technologie évolue constamment et avec la nouvelle génération de véhicules électriques qui s’en vient, je suis contente d’avoir mis ces cordes à mon arc avec l’AEP. Ce sont mes enseignants qui m’ont poussé à poursuivre avec cette spécialité, et je leur dis merci aujourd’hui. Cela m’assure de me démarquer.»
Pour Valérie, retourner aux études avec succès est d’abord une question de motivation: «Il faut être travaillante, conciliante et bien organisée. En stage, l'expérience pratique est la meilleure façon d’entrevoir le métier. Des stages d’un jour chez les concessionnaires en compagnie d’une femme mécanicienne, ça permettrait de voir la réalité du métier.»
«Moi, je considère qu’il ne faut pas hésiter à choisir le métier si on sent que c’est fait pour nous, mais si on fait face à des obstacles, ce n’est peut-être juste pas le bon garage. Personnellement, je ne me battrais pas pour travailler dans un endroit hostile, surtout en période de pénurie de main-d’œuvre»
Valérie Leroux, mécanicienne.
Déjouer les préjugés Pour bien des femmes, il est nécessaire d' être endurant e et d’être en mesure de s'adapter à des situations inconfortables pour se tailler une place comme mécanicienne. «Il y a des clients… ça paraît dans leur regard qu’ils sont mécontents lorsque c’est moi qui m ’occupe de leur voiture, raconte Valérie. Moi, je considère qu’il ne fa u t pas hésiter à choisir le métier si on sent que c’est fait pour nous, mais si on fait face à des obstacles, ce n’est peut-être juste pas le bon garage. Personnellement, je ne me battrais pas pour travailler dans un endroit hostile, surtout en période de pénurie de main-d’œuvre .»