Les jeunes années Kevin Poucachiche fait partie de la nation algonquine. À 18 ans, il retourne à l’école des adultes au Centre l’Horizon, à Val-d’Or. Kevin fait partie de la nation algonquine. Il a six frères et six sœurs. Son enfance n’a pas toujours été facile. Pudique, il n’en dit pas trop, mais, après avoir passé ses premières années dans « le bois », il est revenu en ville, il a connu les familles d’accueil, le manque de motivation et il a décroché de l’école à 16 ans : « Mes absences faisaient que j’avais pris trop de retard en classe, je manquais d’intérêt, mais une vie “à attendre un chèque”, ce n’était pas pour moi. Plus le temps passait, plus je voyais que certains de mes amis avaient des projets, travaillaient. »
Retour en classe Après l’obtention de son diplôme d’études secondaires (DES), il commence le cégep à Montréal mais une grève perturbera son cheminement. À 18 ans, Kevin se décide et retourne à l’école des adultes au Centre l’Horizon, à Val-d’Or. Après l’obtention de son diplôme d’études secondaires (DES), il commence le cégep à Montréal, mais une grève étudiante qui se prolonge a raison de sa motivation.
Il s’inscrit alors en formation professionnelle en forage de diamant, aidé par une bourse de scolarité décernée par le ministère des Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC) et administré par le Conseil de la nation Anishnabe de Lac Simon. « Je suis habile de mes mains, il me fallait aller chercher des compétences, raconte-t-il. J’étais le seul autochtone, et ce n’est pas tout le monde qui était cool dans mon centre de formation, mais les enseignants étaient intéressants et je me suis concentré sur mon objectif. »
Son DEP en poche, il est engagé par Machine Roger comme aide-foreur pour la mine Opinaca, au camp Éléonore, puis chez Technobois, une entreprise d’insertion au travail en Abitibi-Témiscamingue, spécialisée dans les produits de bois sur mesure pour l’industrie et les particuliers. Kevin entre ensuite à l’emploi des Mines Opinaca. Même si le travail comporte des défis pour lui (concentration, respect des horaires, longues journées, etc.), il s’y épanouit : « Il y avait une belle atmosphère. J’adorais le métier et cette expérience m’a permis d’évoluer en tant que personne », commente-t-il avec le recul.
Je suis habile de mes mains, il me fallait aller chercher des compétences. J’étais le seul autochtone, et ce n’est pas tout le monde qui était cool dans mon centre de formation, mais les enseignants étaient intéressants et je me suis concentré sur mon objectif.
Kevin Poucachiche, conducteur d’engin de chantier
Un autre coup dur Il s’orientera ensuite vers un DEP en forage de diamant qui lui ouvrira les portes du marché du travail. (Vue aérienne du site de la mine Lamaque – Eldorado Gold Québec- Photo Mathieu Dupuis) En 2014, sa mère décède subitement, et Kevin prend un congé qui s’étire. Il vit un deuil intense qui s’apparente à une dépression. Il ne réussit pas à retourner au travail. Une année s’écoule. « Ma mère n’aurait pas aimé ni voulu me voir dans cet état, je me suis rappelé comment elle était fière de moi lorsqu’elle me conduisait à l’école, et j’ai eu envie de me reprendre en main. » Le jeune homme s’inscrit à nouveau en formation professionnelle, au DEP en extraction du minerai. « C’est un métier où il y a davantage d’action, et qui correspond mieux à ma personnalité. » Neuf mois plus tard, il entre à l’emploi de Meglab, puis chez Swatcrete et, enfin, chez Fenelon, où il apprend les rouages du métier de minier.
Il ne faut pas regarder en arrière, mais aller de l’avant, peu importe les obstacles. Et dans cette aventure, on est moins seul qu’on pense, il y a toujours des gens pour nous aider.
Kevin Poucachiche, conducteur d’engin de chantier
Bonne situation Après le décès de sa mère, Kévin trouvera la force de se relever et reprendra le chemin des études via un DEP en extraction de minerai. (Eldorado Gold Québec - Photo Mathieu Dupuis) En 2019, il est engagé chez Eldorado Gold Québec comme opérateur de camion. Il aura l’occasion de grimper les échelons dans les prochaines années. Avec une équipe de travail bien soudée, Kevin se sent comme à un deuxième chez-soi au boulot. « Je passe la moitié de ma vie avec eux, et je suis bien intégré, cela m’aide à performer. C’est un métier qui est très exigeant physiquement et qui demande une vigilance constante, mais c’est quand même le fun! Ces gros camions que nous conduisons, ce n’est pas si étranger au plaisir, enfant, de jouer dans le bac à sable avec des camions. C’est tout un thrill, et ça donne une bonne motivation pour se lever chaque matin. »
Un avenir plein de projets Il travaille aujourd’hui comme opérateur de camion chez Eldorado Gold Québec. (Eldorado Gold Québec - Photo Mathieu Dupuis) Aujourd’hui, Kevin est en couple. Il envisage d’acheter une maison et fait des économies en ce sens. Il rêve de voyager de par le monde. Avec son salaire, il peut aider les membres de sa famille lorsqu’ils sont dans le besoin. « Je suis le premier de ma famille à travailler dans les mines, mais sûrement pas le dernier », confie-t-il, faisant référence à un de ses plus jeunes frères qu’il a encouragé à suivre ses traces. S’il avait l’occasion de reparler au jeune homme qu’il était, Kevin dit sans hésiter qu’il lui dirait de foncer : « Il ne faut pas regarder en arrière, mais aller de l’avant, peu importe les obstacles. Et dans cette aventure, on est moins seul qu’on pense, il y a toujours des gens pour nous aider. »
3 % C’est la proportion d’employés autochtones dans les domaines de l’extraction minière et de ses activités de soutien, alors qu’ils représentaient 1,2 % du total des employés dans la province en 2019. Pour combler les besoins de l’industrie, l’embauche d’Autochtones est une piste de solution, alors qu’ils représentent un bassin important de main-d’œuvre disponible. Leur taux d’emploi était de 63 %, comparativement à près de 76 % pour l’ensemble de la population en 2017. Le taux de chômage était aussi plus élevé de 2 % dans la population autochtone la même année. D’ailleurs, 62 % des entreprises de l’industrie considéraient comme élevée ou très élevée la probabilité d’embaucher des Autochtones dans l’avenir. En revanche, leur embauche comporte certains défis, notamment en matière de qualification de la main-d’œuvre.
Source : extrait de La Presse, « Diagnostic sectoriel de l’industrie minière du Québec », Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’industrie des mines, avril 2020.
Institut national des mines du Québec L’Institut national des mines a pour mission de soutenir le gouvernement dans l’exercice de sa responsabilité en matière d’éducation dans le secteur minier. Il agit comme conseiller auprès du gouvernement en s'appuyant sur des projets de recherche qu'il réalise et sur les suggestions proposées par les acteurs du milieu de l'éducation et du secteur minier afin de faire la promotion de la formation minière au Québec, au Canada et dans le monde.
L’Institut national des mines a participé entre autres au Guide des carrières de l’industrie minière du CSMO Mines. Il s’agit d’un outil de référence en matière de choix de carrière et d’information sur le marché du travail dans le secteur. Il s'adresse aux étudiants, aux chercheurs d’emploi ainsi qu’aux personnes curieuses d’en apprendre davantage sur l’industrie minière et rassemble 50 métiers pouvant être pratiqués dans les mines à ciel ouvert ou souterraines.