Formation et compétition Crédit photo Mathieu Dupuis À 19 ans, Pénélope a choisi le Centre de formation professionnelle Lac-Abitibi : « C’était l’école la plus proche de chez moi et je savais qu’elle était très bien équipée. J’y suis allée et on m’a fait visiter les ateliers. Ma sœur aînée a étudié là, elle aussi, juste avant moi. Au début de ma formation, j’ai eu la chance de descendre dans une mine et j’ai tripé. Cela a confirmé mon choix. »
En 2019, un des enseignants de Pénélope la convie à participer aux Olympiades : « Je connaissais les compétitions, mon oncle y avait déjà participé. Comme je suis compétitive, j’ai embarqué dans l’aventure. J’ai participé aux compétitions locales, puis aux épreuves régionales et je me suis entraînée avec mon enseignant-entraîneur à partir de différentes épreuves de diagnostic et de réparation. » Malheureusement, la crise de la COVID-19 a entraîné le report des compétitions québécoises à 2022 ou 2023. Pénélope espère toujours y participer : « J’ai hâte de représenter l’Abitibi-Témiscamingue aux Olympiades québécoises! »
Fraîchement diplômée, Pénélope ne tarit pas d’éloges sur la formation qu’elle a acquise en mécanique d’engins de chantier.
Les mines : une chasse gardée masculine? Après des études au cégep en mécanique industrielle, Pénélope Lavoie, afin de trouver quelque chose de plus concret, se réoriente vers un DEP en mécanique d’engins de chantier au centre de formation professionnelle Lac-Abitibi. Les femmes constituent actuellement 17 % de la main-d’œuvre du secteur minier, contre 14 % il y a une décennie, selon le Conseil des ressources humaines de l’industrie minière (Conseil RHIM).
Bien que le taux ait augmenté, on est loin de la parité. Il existe toujours un écart entre les sexes, malgré les initiatives visant à sensibiliser l’industrie et à stimuler l’embauche de femmes dans le secteur, peut-on lire dans l’étude Explorer l’inclusion des genres : « Même si des obstacles à l’inclusion des femmes sont graduellement surmontés, les progrès demeurent lents et inégaux à l’échelle de l’industrie […] bon nombre de milieux de travail sont toujours qualifiés de “machistes” et de club de vieux copains ».
Le cheminement de carrière demeure traditionnel et des dynamiques subtiles empêchent les femmes de gravir les échelons.
Pour Pénélope, les choses se passent bien jusqu’à maintenant. Très bien même. Elle raconte : « Au début de ma formation, j’ai postulé un emploi étudiant d’apprentie mécanicienne à la mine Casa Berardi, une mine de Hécla Québec; j’ai obtenu l’emploi et j’ai été engagée à la fin de mon stage. » La jeune mécanicienne considère que la mine intègre bien les femmes et qu’elles ont accès aux mêmes possibilités que les hommes.
J’ai eu la possibilité de comprendre comment les machines fonctionnent et c’est passionnant. J’ai eu des professeurs super investis qui avaient à cœur de nous transmettre toutes leurs connaissances. Ma seule réserve est que certains élèves manquaient de maturité et de motivation, mais, en contexte de plein emploi, les groupes n’ont pas été contingentés.
Pénélope Lavoie, mécanicienne d’engins de chantier
Une journée sous la terre « Je suis dans un secteur traditionnellement masculin, mais je me suis toujours bien entendue avec les gars et j’ai été bien accueillie par mon équipe. » Pénélope Lavoie. À la mine Casa Berardi, l’ascenseur descend vers trois garages à 550 mètres, 810 mètres et 1 kilomètre sous le sol. Avant de descendre, Pénélope enfile son couvre-tout, ses bottes à cap d’acier, son casque et sa lampe frontale.
Cette dernière est attachée à sa ceinture pour plus de sécurité. En descendant, la noirceur n’est rompue que par la lumière de l’opérateur de l’ascenseur. En quelques minutes, Pénélope est à son lieu de travail, où elle ne ressort que 10 ou 12 heures plus tard. Elle prend son dîner sur place dans un des refuges de sécurité aménagés par l’entreprise.
Sur sa feuille de route quotidienne, des travaux de maintenance et des réparations jugées non urgentes. « Ma passion pour le fonctionnement des machines a grandi depuis le début de ma formation. Analyser et réparer une machine et constater ensuite qu’elle fonctionne : quelle source de fierté! » Plus tard, avec l’expérience, Pénélope rêve de travailler en mécanique de chantiers.
Démythifier un secteur méconnu Selon la mécanicienne, les filles apportent d’autres facettes au métier : elles sont plus précises, plus méticuleuses ce qui permet d’améliorer le travail de toute l’équipe. Pénélope considère que, s’il y a peu de femmes qui travaillent dans les mines, c’est qu’il y a encore une grande méconnaissance du milieu et des métiers qui y sont rattachés. Des préjugés perdurent. Pourtant, les mines sont très compétitives par rapport aux conditions de travail. Et les salaires offerts sont très intéressants, ajoute-t-elle : « Nous profitons d’un horaire enviable 7 jours de travail et 7 jours de congé, ce qui me permet de faire des projets personnels ou d’aller visiter la famille, mais, pour l’instant, je fais souvent des heures supplémentaires. »
Faut-il être doté d’une grande force physique? « Personnellement, je suis robuste et forte, mais tout est organisé pour ne pas forcer inutilement et les gars sont toujours là pour nous aider. »
Actuellement, Pénélope habite dans la maison de sa sœur aînée à Villebois, une petite ville de 143 habitants, à mi-chemin entre son travail dans la MRC de la Baie-James et La Sarre, où l’on retrouve beaucoup de travailleurs de la mine. Elle économise pour acquérir sa première maison.