Passionnée de voitures Le parcours de Vyolaine Dujmovic a commencé au centre de formation professionnelle Pierre-Dupuy où elle a obtenu un DEP en mise en œuvre de matériaux composites. Elle s’est par la suite inscrite en carrosserie à l’École des métiers de l’équipement motorisé de Montréal (EMEMM). Dès son plus jeune âge, elle prend plaisir à démonter et remonter n’importe quel objet qui a le « bonheur » de se briser dans la maison. Elle aime démonter, reconstruire, analyser le fonctionnement, bref, comprendre comment ça marche : « Un ordinateur flambant neuf m’intéressait beaucoup moins que celui qui ne fonctionnait plus et que je pouvais tenter de réparer. »
À l’époque, son père fait partie de l’équipe d’un coureur automobile et c’est là sur les circuits, dans les stands de mécanique, que Vyolaine dit avoir eu la piqûre. Sa passion pour l’automobile s’est cristallisée. « Mon père n’était pas enchanté par mon choix de carrière, même si cela supposait que je suive ses traces. Il m’a mise en garde en me parlant de la difficulté pour une femme à faire sa place. Mais je suis une vraie tête de cochon, je lui ai répondu que j’allais leur montrer, raconte-t-elle. S’il avait ses réserves, ça ne l’a pas empêché de m’encourager dans tout mon parcours avec les Olympiades des métiers et de verser une larme en me voyant réussir. »
À l’école des carrossiers Médaillée d’argent aux Olympiades québécoises, la jeune femme se rendra jusqu’au Mondial des métiers où elle représentera le Canada dans la discipline carrosserie. Vyolaine n’a pas aimé l’école secondaire. Il était clair dans son esprit que le cégep n’était pas pour elle et qu’elle allait choisir un métier qui allie ses habiletés manuelles et sa capacité à résoudre des problèmes. Elle a d’abord obtenu un diplôme d’études professionnelles (DEP) au Centre de formation professionnelle Pierre-Dupuy en mise en œuvre de matériaux composites, un métier d’avenir selon la jeune femme, où les nouveaux matériaux combinent performance, esthétique et légèreté, formation qui l’a menée chez Bombardier.
Les fluctuations du carnet de commandes et les soubresauts de l’économie l’ont mise au chômage, une fois, puis deux. La deuxième fois, plutôt que de rester à la maison à attendre qu’on la rappelle, Vyolaine s’est inscrite en carrosserie à l’École des métiers de l’équipement motorisé de Montréal (EMEMM), d’abord pour le plaisir, sans avoir l’idée d’en faire un métier. Un secteur traditionnellement masculin? « Je n’y ai pas pensé deux minutes, je ne suis pas du type à m’apitoyer, plutôt à foncer pour atteindre mes objectifs. » À l’EMEMM, la jeune fille apprend vite, se passionne pour les travaux de soudure et, peu à peu, s’imagine un avenir comme débosseleuse.
Une championne de classe mondiale Les Olympiades m’ont aussi ouvert des portes et ont enrichi ma formation. Depuis, je peux prouver que j’apprends vite, et que je suis prête à m’investir dans de nouveaux projets. ». Vyolaine Dujmovic. Ce sont ses amis et ses enseignants qui ont encouragé Vyolaine à participer aux Olympiades des métiers en constatant ses aptitudes naturelles et son engagement dans sa formation.
Mais c’est sa volonté et sa ténacité qui lui ont permis de se hisser aux premiers rangs de la réparation de carrosserie au pays. Aux Olympiades québécoises tenues à Québec en mai 2016, la jeune compétitrice a remporté la médaille d’argent, puis elle a participé aux compétitions canadiennes à Moncton, où elle a fini quatrième, mais les autres médaillés, trop âgés, lui ont laissé la place pour la suite.
Elle a confirmé sa candidature en passant les tests de sélection de Compétences Canada à Toronto, avant de se soumettre à un entraînement olympique en vue du 44e Mondial des métiers à Abu Dhabi, capitale des Émirats arabes unis.
J’enchaînais trois journées de travail et deux jours d’entraînement, en plus des soirs, et souvent des samedis. Mon employeur me permettait de me faire la main sur de gros projets. Mon entraîneur, Yves Barré, s’est démené pour dénicher des pièces et des appareils afin que je puisse m’entraîner selon les mêmes conditions qu’au Mondial. C’était tout un défi !
Vyolaine Dujmovic, double titulaire d’un DEP en mise en œuvre de matériaux composites et en carrosserie et représentante du Canada au Mondial des métiers en carrosserie
Diplôme, premiers emplois « Oui, c’est un métier physique et difficile, mais, grâce aux nouvelles technologies, ces difficultés diminuent. » Vyolaine Dujmovic. Ce que Vyolaine aime le plus de son métier de carrossière, c’est la variété de tâches (soudure, débosselage, peinture) et aussi la résolution de problèmes : « Oui, c’est un métier physique et difficile, mais, grâce aux nouvelles technologies, ces difficultés diminuent.»
Après avoir obtenu son diplôme, à 22 ans, elle a travaillé chez Fix Auto puis au Centre de collision certifié Europa, une entreprise spécialisée en véhicules haut de gamme. Dans chacun de ces emplois, Vyolaine n’a pas eu de difficulté à faire partie de l’équipe : « Les patrons savent que les filles apportent des qualités d’exécution différentes et, avec mon expérience des Olympiades, j’avais eu la chance de me faire la main sur plusieurs technologies nouvelles et de faire bénéficier mes collègues masculins de ces expériences. »
Nouveaux défis Le Comité sectoriel de main-d’œuvre des services automobiles (CSMO) recense actuellement 17 % de femmes dans l’industrie de l’automobile… Après avoir souffert de sinusites à répétition, Vyolaine a décidé de s’éloigner des garages. Elle a obtenu un emploi chez Bell Helicopter à Mirabel, où elle s’est acheté une maison avec son conjoint. Elle a travaillé un temps dans le secteur des pièces de composite, avant d’être remerciée en raison de la pandémie de COVID-19, mais un poste en salle de peinture s’est ouvert pour elle avec ses aptitudes de débosseleuse.
Depuis, elle répare les défauts, bouche les trous et applique l’apprêt des pièces d’hélicoptère avant qu’elles soient peintes. « C’est un bon emploi, avec de bonnes conditions, de bons patrons et dans une entreprise qui emploie beaucoup de filles », se réjouit-elle.
Si Vyolaine espère la fin prochaine de cette période d’incertitude économique, elle demeure optimiste : « Je souhaite conserver cet emploi stable chez Bell et gravir les échelons. » Un autre projet l’anime : refaire une voiture de A à Z avec l’aide de son père, dans son nouveau garage. La passionnée de mécanique automobile n’est jamais bien loin.
Pour la jeune femme, la question des métiers traditionnels s’éteindra lorsque les gens ne sentiront plus le besoin de poser la question : comment te sens-tu dans un job de gars? « Là, on sera pleinement acceptées, intégrées. » dit la jeune femme.